Aujourd’hui, je remets le nez dans mes journaux de voyage. Quand j’y pense, je suis heureuse d’avoir écrit ces nombreuses lignes car je me remémore des moments de mon voyage en solo et ça fait du bien.
Puisque j’ai abandonné l’idée de publier des articles dans l’ordre chronologique de mes voyages, cette fois j’ai envie de retourner en Inde et de partager un moment que j’ai vécu dans une famille indienne à Jaisalmer, au Rajasthan.
Premier trajet en train nocturne
Je vous avais raconté mon aventure en train d’Agra à Delhi mais je n’avais pas encore fait mon baptême de long trajet en train indien nocturne. Le 12 mars 2015, à la gare de Old Delhi Junction, j’embarque pour un trajet qui durera 17 heures afin de rejoindre Jaisalmer, une ville du Rajasthan en plein coeur du désert du Thar, aux portes du Pakistan. Je vous laisse imaginer à quel point je suis excitée de vivre ce trajet et par la destination qui m’attend.
Dans mon compartiment, il y a 4 couchettes: 2 basses et 2 hautes. Je m’installe sur une du haut comme indiqué sur mon billet de train. Je me retrouve en compagnie d’Harriet et Steve, un couple d’anglais, et d’un indien d’une bonne soixantaine d’années. Nous discutons tous les quatre, histoire de faire connaissance. Nous peinons un peu à comprendre notre compagnon sikh mais essayons de décrypter ses messages fortement brouillés par un accent qui nous est inconnu.
Je me délecte des paysages qui défilent à travers la fenêtre du train. La nuit tombée, je réfléchis à la mise en place de ma couchette. Faut dire que ça secoue pas mal là-dedans et malgré deux chaînes verticales en guise de barrières de sécurité, j’ai un peu la trouille de me fracasser la tronche en plein sommeil en cas de secousse brutale… Les anglais ont glissé leurs backpacks sous la couchette du bas mais je préfère garder le mien en guise d’oreiller. Bon, ce n’est pas le meilleur repose-tête qui soit mais au moins, je peux tenter de dormir sur mes deux oreilles. Ce qui est cool, c’est que les draps et couvertures sont fournis. Pour moi, c’est le grand luxe et j’en suis ravie car ça m’évite de sortir mon sac à viande ou mon duvet.
Le lendemain, après une nuit un peu agitée, je ne m’en sors pas trop mal avec un léger mal de nique, euh de nuque, pardon.
Au final, les 17 heures sont passées très vite!
Rox, Arun et chapati
A l’arrivée en gare de Jaisalmer, après un dernier hug et un échange d’emails avec mon couple anglais, j’embarque dans un tuk tuk pour 50 roupies qui m’emmène à mon hostel. J’y rencontre Roxanne, une baroudeuse québécoise avec laquelle j’accroche direct. Il fait tellement chaud dehors que nous restons dans le dortoir pour papoter tranquillement et partager nos petites histoires de voyageuses solitaires. Je ne le savais pas encore, mais je reverrai Rox à Jaipur et Pushkar puis nous resterons en contact, encore aujourd’hui d’ailleurs. 🙂
En fin de journée, nous passons un moment sur le rooftop. J’ai envie d’observer ce qui m’entoure et de profiter de ce moment. 10 jours après mon arrivée en Inde, je suis encore très enthousiaste par ce voyage, ce rêve que je réalise enfin.
En bas, des enfants nous font signe. Je repère un petit garçon (de 3 ou 4 ans) qui tente d’attirer mon attention en me faisant coucou. Un échange s’est rapidement installé entre nous alors à mon tour, je lui envoie des signes de la main. Puis le bambin s’est mis à m’envoyer des baisers, forcément, je fonds et je lui en adresse également. Quelques minutes plus tard, une femme semblant être sa maman me fait signe de descendre et de les rejoindre. Je mime un « Quoi? Moi? Descendre? Venir? Chez vous? » et de toute évidence, j’ai bien compris le message.
Je descends.
En arrivant à un semblant de porte d’entrée sans porte, dans un semblant de maison sans toit, je m’aperçois très rapidement que je pénètre dans un lieu de vie d’une famille indienne qui ne roule pas sur l’or.
La maman d’Arun me prend par la main tandis que le petit garçon qui gesticulait de loin faisait moins le malin en me voyant chez lui. Evidemment, il semblait intimidé par ma présence et m’observait d’un air intrigué.
Et puis, la famille s’est rapidement agrandie, telle une foule rassemblée pour assister à un spectacle unique en son genre: moi, chez eux.
Evidemment, personne parle anglais et mon hindi fait d’la peine… Pas grave, on sourit, on rigole, on fait des mimes, et tout le monde semble passer un bon moment. C’est bien là l’essentiel!
Soudain, une autre femme m’attrape la main avec beaucoup de vivacité. Surprise, je me demande dans quoi elle compte m’embarquer! Enfin, j’ai à peine eu le temps de me poser la question que je me suis retrouvée accroupie en train de faire des chapatis avec elle! Hahaha ce moment de gag!
Elle met sa main sur mon épaule pour que je m’accroupisse, me place un bol sous mes dix doigts tout en me versant de l’eau pour que je les nettoie. Ensuite, elle me montre comment manipuler la pâte et la cuire pour en faire un chapati. Tout ça, sous les regards intrigués et moqueurs de la famille entière (une bonne dizaine de grands et petits). Forcément, j’ai la pression et je suis un brin déstabilisée mais je joue le jeu! 🙂 Je foire le premier mais je me débrouille plutôt bien pour les suivants! Quel moment! J’ai adoré!
Je rêvais de découvrir l’Inde et de vivre un tel moment avec une famille et que ça se fasse naturellement. J’étais servie!
Après l’atelier cuisine, place à la danse! Je me suis faite embarquer par les enfants pendant une bonne demi-heure pour danser avec eux sur fond de musique indienne tout droit issue de deux vieux téléphones mobiles avec une qualité de son qui te fout la migraine en un quart de secondes! Mais c’était tellement drôle que ce n’était qu’un détail sans importance! 🙂
Arun était toujours aussi timide malgré mes tentatives pour l’approcher.
Le temps passait et je ne voulais pas abuser de leur hospitalité alors après une petite séance photo, je les ai remerciés chaleureusement avant de partir. Soudain, ce que je redoutais arriva…
Un des enfants me demande de l’argent. Je n’avais rien sur moi et j’avoue n’avoir pas su quoi faire… J’avais passé un moment tellement beau que je venais de chuter de 10 étages d’un coup quand l’argent est venu mettre son putain de nez là-dedans!…
Finalement, je leur ai ramené quelques roupies mais avec du recul, je n’aurais probablement pas dû…
Enfin, malgré que l’argent ait gâché la conclusion de cette belle soirée, je me dis que j’étais encore au stade initial de mon voyage en Inde et malgré les mises en garde sur la mendicité qui règne dans le pays, j’avais commis ma première faute. Ça me servira pour la suite.
J’en garde tout de même un bon souvenir et je n’oublierai pas ce petit Arun.
Salut,
J’ai vécu plus d’un an en Inde et quand j’ai lu ton article, je me suis tout de suite dit que ça sentais pas bon de rentrer comme ça dans une maison d’indien. Tu as eu plutôt de la chance qu’il ne voulait que de l’argent. Tant mieux.
Mais l’Inde est vraiment un pays trop trop pauvre , moi ça m’a quand même retournée toute cette misère.
Pour ça qu’au final j’ai décidé de partir vivre en Islande, si jamais ça t’intéresse et que tu souhaites papoter sur l’islande (peut être y es tu déjà aller), mon blog c ‘est http://www.islande-zou.fr
De toute façon je reste sur ton blog hâte d’en savoir plus !
Saut Mme Puffin,
Je ne savais pas que c’était risqué d’entrer dans une maison en Inde…
Oui c’est vrai que la pauvreté m’a touchée aussi…
Je ne connais pas l’Islande mais j’aimerais y aller un jour! 🙂
Merci d’être passée et reviens quand tu veux!
Héhé, je vois que tu as vu mon blog pour le Mme Puffin, hésites pas à passer 😉
Bah disons qu’en Inde il faut avoir à l’idée d’être tout le temps méfiant, c’est comme ça.
Par exemple, je suis arrivé en Inde, 1 semaine après le viol d’une personne importante à l’ambassade de Suisse, ça avait fait un scandale diplomatique entre les deux pays.
J’ai connu aussi une stagiaire qui était arrivé pour faire un mémoire sur la vie dans les bidons-villes, elle a été rapatriée 2 mois plus tard avec une très grave maladie au foie attrapée dans le bidon ville de New Delhi…
Je ne parle pas du nombre de touriste qui se font dépouillé, faut être vigilant c’est tout :p
Salut,
J’ai bien aimé ton histoire bien que un peu moins ça conclusion bien-sure…
Je suis peut être naive mais ne comprends pas vraiment pourquoi tu dis que tu as commis ta première erreur en leur donnant de l’argent ? Est ce pour ne pas les encourager à faire la même chose avec les prochains touristes ?
Au final je trouve que c’est quand même donnant donnant, ils t’ont fait passé un bon moment et fait découvrir une part de leur culture et en échange tu les a aidé à vivre… Même si je reconnais que ce n’est pas très honnête comme manière d’agir et que finalement c’est de la gentillesse intéressée.
Salut lélélaine,
Oui, c’est tout à fait ça… Sentiment mitigé entre les aider et les inciter à la gentillesse intéressée…
Très sympa ce récit de voyage , Merci pour ces belles photos qui donnent envie d’aller faire un long road trip en Inde ! 🙂