Je sais que vous attendiez cet article depuis un moment mais je voulais prendre le temps de vous parler du Népal et vous faire comprendre que je ne retiens pas uniquement le tremblement de terre de mon voyage dans ce pays. Aujourd’hui, presque 6 mois plus tard, je pense encore à cet événement, c’est certain, et il sera dans ma mémoire probablement toute ma vie. Néanmoins, il me semble nécessaire et important de vous parler de TOUT (ou presque) ce que j’ai vécu là-bas avant, pendant et après le séisme car je ne veux pas retenir que ça et je ne veux pas non plus que VOUS ne reteniez que ça ! Associer mon voyage au Népal uniquement avec le tremblement de terre serait une bien grosse erreur.
Oui c’est une expérience traumatisante mais je n’ai aucune raison de me plaindre car contrairement à beaucoup de Népalais, je n’ai rien perdu, je n’ai pas été blessée et je n’ai pas souffert. Et puis malgré l’ampleur des dommages, j’ai aussi vécu de bons moments.
Mercredi 22 avril
Sur le chemin du retour de Bandipur à Katmandou, bien installée dans mon bus, je repense à tous ces moments magiques que j’ai vécu dans ce village pas ordinaire. Cet endroit va me manquer mais puisque j’ai prolongé mon visa au Népal pour un mois supplémentaire, je trouverai bien le temps d’y revenir et de passer plus de temps avec mes enfants et orphelins de l’école MBBES. Du moins, c’est ce que je croyais…
Je retourne au Zen Bed & Breakfast, au coeur de Thamel, dans le même dortoir, juste parce que j’ai la flemme de chercher un autre endroit et que je ne compte pas m’éterniser à Katmandou mais simplement faire quelques lessives et partir vers l’Everest (car oui, c’est un luxe de faire de vraies lessives quand on passe des semaines voire des mois à laver son linge à la main 🙂 ).
Le jour même, dans le dortoir, je rencontre Axelle et Mathieu qui viennent respectivement de Tahiti et Marseille. Le courant passe immédiatement entre nous. Nous parlons de nos expériences respectives, de leur voyage en couple et du mien en solo, de quelques anecdotes et de nos étapes suivantes. Ils pensent aller à Bandipur tandis que je compte mettre le cap vers l’Everest. En attendant, je rejoins Jesse, un américain que j’ai rencontré à Varanasi (en Inde). Nous passons notre soirée ensemble au Phat Kath, l’occasion de se remémorer nos souvenirs d’Inde et de passer un bon moment entre amis.
En rentrant, je retrouve Axelle et Matt. On discute, on rigole, bref, tout va bien.
Jeudi 23 avril
Journée hyper inactive ! Ce qui est bon quand on voyage plusieurs mois, c’est qu’on peut se permettre de passer des journées à ne rien faire et ça fait du bien ! 🙂
Vendredi 24 avril
Petit passage au Garden of Dreams (200 roupies l’entrée) avec Jesse. On se choisit un coin d’herbe pour se plonger dans nos lectures respectives. L’endroit est joli mais sans prétention. Ensuite, petite pause pour manger un morceau à OR2K. L’endroit est très beau (plafond super haut, lumières tamisées. J’aime beaucoup !), la musique est top et les plats sont délicieux ! Pour les prix, c’est assez cher comparé à la street food népalaise. Une fois le ventre plein, on rejoint Ax et Matt à notre hostel et passons la soirée tous les quatre. Pour le dîner, dal bhat général ! Miam ! 🙂
Samedi 25 avril
« Bon, aujourd’hui c’est décidé, je bouge pour me rapprocher de l’Everest et faire mon trek tant désiré ! »
Avant de partir, installée sur mon lit, Ax et Matt sur le leur, nous discutons encore un peu. Je fais traîner mon départ…
Nous sommes au deuxième étage d’un immeuble qui en compte cinq si mes souvenirs sont bons (toujours le Zen B&B).
Vers 11h/midi, je ne sais plus vraiment, les premières secousses ont commencé. Sur le moment, je n’ai absolument pas réalisé ce qu’il se passait… Alors que la femme de ménage passait l’aspirateur, je me suis dit « elle a déplacé un meuble » ou alors « quelqu’un fait des travaux dehors »… Jusqu’à ce que l’intensité des tremblements devienne exagérée… Premier réflexe, je m’accroche aux barreaux de mon lit superposé, je suis balancée de droite à gauche et j’hurle « putain mais c’est quoi ça ? »… Axelle me répond « bah c’est un tremblement de terre ! »…
Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ni comment je ne m’en suis pas rendue compte après mes deux précédentes expériences aux Philippines et à Bandipur…
Les secousses sont tellement énormes que j’entends les pierres qui se fracassent dehors, les bâtiments qui « craquent » mais surtout, je sens nos corps et notre hostel se balancer fortement ! Je commence à voir les fissures dans les murs de notre dortoir… Plein de choses se passent dans ma tête… Je me demande si ça va durer encore longtemps car croyez-moi, le temps semble vraiment très long !
Se mettre sous une table ou sous l’encadrement d’une porte ? Aucun intérêt. Ça, ça fonctionne au Japon ou au Chili, dans des immeubles conçus pour résister aux séismes. Au Népal, ce n’est pas le cas…
« Putain, je vais mourir… »
Pour la première fois de ma vie, j’ai pensé que j’allais mourir.
« Non!!! Je n’ai pas envie de mourir ! » La peur de ma vie, littéralement.
Le temps me semble tellement long avant que les secousses s’arrêtent… Je tremble, mon coeur bat très fort et j’ai peur. Et oui, moi, Cyn, l’aventurière qui d’ordinaire aime tant les imprévus et l’inconnu, cette fois, je suis effrayée.
J’appelle immédiatement ma maman et mon amie Ophélie pour les avertir avant qu’elles ne découvrent quoi que ce soit à la TV qui risque de les choquer. Je les charge toutes les deux de prévenir et rassurer mes proches car je ne sais pas comment la situation va évoluer… « Je vais bien, ne t’en fais pas ! »
Après ça, Ax, Matt et moi, seuls présents dans notre dortoir à ce moment là, descendons pour tenter d’avoir des infos sur ce que nous sommes sensés faire. En arrivant au rez-de-chaussée, on constate une partie de l’ampleur des dégâts : la grosse fontaine à eau renversée sur le sol, les bibelots/verres/bouteilles des étagères sont par terre, les murs sont fissurés et tout le monde est effrayé, perdu… Quant aux propriétaires, ils se sont enfuis…
Finalement, on nous dit de sortir et rester dans un endroit le plus ouvert possible, éloigné des immeubles (en cas de nouvelle secousse et d’éventuels effondrements). Pour ceux qui connaissent le quartier de Thamel, je vous laisse imaginer le stress de se retrouver là dans une telle situation… Pour les autres, vous pouvez jeter un oeil sur les images de votre moteur de recherche.
Nous remontons dans le dortoir pour attraper quelques affaires et sortons. Notre impasse est couverte de morceaux de pierres qu’on doit enjamber pour traverser.
En arrivant au fameux point de rassemblement, c’est évidemment noir de monde. Locaux et voyageurs affichent des expressions différentes : des gens qui pleurent, embrassent le sol, prient, essayent de téléphoner à leurs proches, se prennent dans les bras et puis il y a aussi des sourires malgré cette ambiance chaotique… Nous, par exemple, entre la peur et l’incompréhension, nous parvenions à rigoler ! Je ne vous cache pas que les nerfs y étaient pour quelque chose et je suis vraiment heureuse qu’Axelle et Mathieu étaient à mes côtés car seule, je ne sais pas comment j’aurai « géré » la situation… Clairement, ce n’est pas évident de se rendre compte de ce qu’il se passe vraiment quand on est en plein dedans…
Tout le monde s’interroge: « c’est bon ? C’est fini ? Ça va recommencer ? On fait quoi ? On connaît l’intensité du séisme ? Et l’épicentre, il est où ? Et vous, ça va ? Mais vous pensez que ça craint de rester ici ? Mais on peut aller où ? On fait quoi si ça recommence ? J’espère que ça va aller… Vous connaissez des gens qui sont en montagne ? Mes amis sont en trek, j’espère qu’ils vont bien ! »
Nous sommes tous là, impuissants face à la force de la nature. A cet instant, on se rend véritablement compte que nous sommes victimes des pouvoirs de la Terre. C’est elle qui décidera de la suite et nous ne pourrons rien y faire…
Toujours tous les 3 (Axelle, Mathieu et moi), nous patientons parmi la foule. 10 minutes, 20 minutes, 30 minutes. Environ 40 minutes plus tard, nouvelle secousse (il s’agit de la fameuse réplique). Panique générale, tout le monde crie, pleure, quant à nous trois, on ne se quitte pas d’une semelle et on se tient fortement les uns aux autres. Sentir le sol trembler, ça fout une sacrée frousse ! La première secousse dans l’immeuble était impressionnante et revivre ça en étant directement au contact de la terre, putain c’est une sensation étrange ! Ce qui est notre point de repère de stabilité se présente alors comme étant l’extrême opposé… Nous avons l’habitude de dire « il faut garder les pieds sur terre », synonyme de stabilité. Et pourtant, la terre n’est pas stable et ça, c’est dur à assimiler. Difficile d’exprimer correctement ce que j’ai ressenti mais oui, j’ai eu peur.
Finalement, nous sommes restés dans les rues de Katmandou toute l’après-midi. Impuissants et perdus, nous avons constaté les dégâts…
Pendant ce temps là, les secousses continuaient. Moins intenses mais fréquentes… Malgré que les secousses suivantes furent moins puissantes, les constructions se sont fortement fragilisées et pour certaines, il ne fallait pas grand chose pour provoquer un effondrement…
Difficile de vous dire tout ce qui se passait dans ma tête… Je pensais à mes proches qui devaient être terrifiés, j’essayais d’imaginer les dégâts en espérant qu’ils ne soient pas trop importants, je me demandais ce qui allait se passer ensuite, j’espérais sortir vivante de cette catastrophe…
Nous sommes retournés à l’hostel à plusieurs reprises pour récupérer des affaires (je vous l’accorde, c’était plutôt irresponsable de notre part…). L’immeuble était désert, tout le monde avait quitté les lieux, il n’y avait qu’un paquet d’affaires et de backpacks en vrac, ça faisait bizarre…
En parallèle, nous jouions au chat et à la souris avec internet, constamment à la recherche de wifi pour contacter nos proches. Toute la journée, nous n’avions aucune information sur l’intensité du tremblement de terre jusque dans la soirée…
Bilan: un séisme de magnitude 7.8 suivi d’une réplique de 6.6 et de nombreuses autres secousses…
Le soir, Jesse nous a rejoints et nous l’avons suivi dans son hôtel a priori plus sûr que le notre. Nous y prenons une chambre et passons la nuit tous ensemble.
Dimanche 26 avril
Vers 5h du matin, en plein sommeil, nous sommes réveillés par une secousse… Je panique et bondis de mon lit prête à partir… Ax et Matt tentent de me rassurer et je finis par me calmer une fois les tremblements terminés. Faut dire qu’il y a mieux en guise de réveil 🙂 … (Là, je souris, mais ce jour-là, je ne souriais pas…)
Dans la matinée, nous sortons.
Vers 13h, une nouvelle secousse nous surprend… Panique dans la ruelle et nous nous précipitons vers le seul espace « ouvert » à proximité bien que nous soyons encerclés par des immeubles suffisamment hauts pour nous ratatiner en cas d’effondrement… Cette fois, je sens la terre qui bouge en mouvements circulaires… La sensation est incroyable ! Je lève les yeux au ciel et vois les immeubles se balancer mais j’entends aussi le béton qui craque et une sorte de grondement difficile à décrire. C’est vraiment effrayant !
Nous passons le reste de l’après-midi à marcher et décidons d’aller voir la Croix Rouge pour apporter notre aide. Ironie du sort, personne n’est capable de nous donner des informations. On nous dit que des équipes sont déjà constituées mais que pour l’instant, nous ne pouvons rien faire de plus. Ils ont besoin de médecins professionnels et de sauveteurs formés pour ce genre de situation… En somme, d’après eux, nous risquons de rallonger la liste des victimes n’étant pas préparés physiquement ni mentalement pour nous retrouver face à de tels dégâts et, par conséquent, nous ne pouvons pas les aider.
Nous poursuivons notre marche vers l’ambassade de France…
L’ambassade de France et le camp de réfugiés
Nous sommes reçus devant le portail par une femme munie d’un morceau de papier arraché d’un cahier de brouillon et d’un stylo… Elle nous demande ce que nous voulons… Je me demande s’il s’agit d’une blague et lui réponds froidement que la situation semble évidente : nous venons ici pour savoir quoi faire !… Elle nous répond qu’elle n’a pas plus d’informations que nous, que nous devons rester dans « un endroit safe » et qu’en attendant nous devons inscrire nos coordonnées sur son morceau de papier pour qu’elle puisse les transmettre au Quai d’Orsay.
Elle nous demande ensuite si nous avons un hôtel et à quelle date nous prévoyons de quitter le pays. Nous lui expliquons que nous avons laissé nos affaires dans notre auberge de jeunesse mais que son état ne nous inspire pas confiance pour y séjourner…
Nous sommes redirigés vers le camp de réfugiés à 15 minutes de marche. Arrivés sur place, nous sommes accueillis par une autre femme qui nous indique que nous disposons chacun d’une ration de survie par jour et par personne, que des bouteilles d’eau périmées sont à disposition en prenant soin d’y mettre des pastilles Aquatabs et que nous sommes les bienvenus.
Arrivés là sans nos sac à dos, nous prévenons cette dame que nous allons les chercher et revenons ensuite. Elle acquiesce et nous partons. De retour plus tard avec nos sacs et avec Jesse. Cette fois, c’est un homme peu respectable qui nous reçoit (j’ai réécrit cette partie de mon article à plusieurs reprises car initialement, je me suis laissée emporter par les émotions et j’ai employé des mots très durs envers cet homme. Je le souligne car ça vous donnera une idée de mon état d’esprit).
Nous sonnons au portail et cet homme nous répond « on est complets on ne prend plus personne ! ». Evidemment, je lui demande s’il se fout de nous, qu’on ne fait pas la queue pour une soirée en boîte de nuit, que ce n’est pas complet car nous avons prévenu l’autre femme que nous allions revenir et qu’elle est au courant. Il s’est trouvé con et je lui ai dit de ramener cette dame (son épouse, soit dit en passant) histoire qu’on en finisse et qu’on puisse entrer. Il finit par nous ouvrir la porte et nous serre la main à chacun en terminant par Jesse. Il lui demande « t’es Français toi ? » et Jesse répond « no ». Alors, il lui lâche la main comme s’il était contagieux et rétorque « ah désolé ici on accepte que les Français, tu ne rentres pas ! Tu vas à ton ambassade mais tu ne restes pas ici, c’est pour les Français ici ! ». Evidemment, je mets mon grain de sel et je tente de le convaincre que nous sommes tous les quatre depuis le début, que nous ne voulons pas nous séparer et encore moins le laisser seul alors qu’il fait nuit et qu’il ne sait même pas où dormir… En vain.
Je me retrouve face à un dilemme : rester au camp avec Ax et Matt ou suivre Jesse. Je décide de rester au camp (je vous épargne tout ce qui s’est passé dans ma tête à ce moment là) et finalement Jesse retourne à l’hôtel où il séjournait précédemment. Puisque l’électricité et les connexions internet étaient instables, nous nous donnons rendez-vous le lendemain à une heure et un endroit précis.
Ax et Matt me proposent de dormir avec eux dans leur tente et nous rejoignons un groupe de jeunes dans un coin du camp derrière les grandes tentes abritant quelques personnes. Pour info, le camp était bien loin d’être complet comme le disait l’autre !
Les tremblements continuent et les sentir en dormant sur l’herbe, ça fait bizarre… Je m’imagine que je peux tomber dans une crevasse qui s’ouvrira là où je suis allongée alors mes nuits sont peu reposantes…
Les points positifs dans ce séjour au camp sont les rencontres : Gwen, Julien, Guilhem, Léo, Pierre-Henri et les autres, avec Ax et Matt évidemment. Nous formons la team du bac à sable (car il y avait un bac à sable dans notre coin). 🙂 Grâce à eux, j’ai passé de très bons moments malgré la situation. Nous étions toujours ensemble. C’était bon d’être avec eux mais nous étions clairement dans une bulle, à l’écart du chaos extérieur et même si j’étais loin d’être à plaindre, je pensais constamment aux Népalais qui, eux, avaient besoin d’aide… Un sentiment de culpabilité ne me quittait jamais et pourtant, la bonne volonté ne suffit pas quand on ne sait pas comment s’y prendre et, pour être véritablement honnête avec vous, je voulais aussi m’en sortir vivante.
Autres points positifs, il y avait des sacs de couchage et tapis de sol à disposition, on ne manquait ni de nourriture ni d’eau, on avait des toilettes (ok, une pour tout le camp mais c’était mieux que rien…), le terrain était propre, on ne manquait de rien malgré que nous étions entourés de mauvaises graines françaises…
(NB : j’ai repéré des personnes étrangères alors je ne me demande même pas comment elles ont été acceptées dans le camp, c’est évident qu’une histoire de copinage justifiait cela… *smiley qui vomit*). Ça m’écoeurait car moi, je n’ai pas eu le droit de faire entrer mon ami étranger !)
Première nuit dans cette cour d’école maternelle avec ma team du bac à sable. Ça discute, ça rigole et ça dérange… L’homme (oui, toujours le même) se ramène pour pousser sa gueulante et nous menacer de tous nous expulser si nous continuons à foutre le bordel. Foutre le bordel = discuter et rigoler. Nous expulser en situation de catastrophe naturelle ?! Hum… Je peux comprendre que chacun réagit différemment dans un tel moment mais son comportement était vraiment disproportionné en sachant qu’on ne faisait de mal à personne et qu’on ne cherchait pas à déranger qui que ce soit.
Nous avons conscience que la situation est délicate et justement, aucun d’entre nous n’a envie de penser au pire alors nous faisons en sorte de nous distraire mais venir nous engueuler ainsi, c’est complètement déplacé !
Même la police nous a demandé très gentiment de faire moins de bruit alors que nous faisions des choses pas très catholiques !…
Lundi 27 avril
Dans la matinée, une petite dame s’est approchée de nous pour nous remercier d’avoir tant rigolé la veille. Elle nous a dit : « ça fait du bien d’entendre des jeunes qui rigolent dans une situation aussi tendue ! Merci ! ». Visiblement, ce n’était pas l’avis de tout le monde mais bon. Je vous dresse le portrait : ces cons-citoyens préfèrent laisser leurs valises sous les tentes par peur qu’elles soient dehors sous la pluie plutôt que de faire de la place pour d’éventuels autres réfugiés… Ce sont ces mêmes cons-de-citoyens qui volent dans les rations de survie des autres pendant qu’ils ont le dos tourné… Ils viennent aussi nous chercher des poux parce qu’on a des dreadeux dans le groupe et parce qu’on a tous un look loin d’être soigné alors que nous sommes tous dans la même merde… Voilà. Un paquet de claques se perdaient dans ce camp et je ne cachais pas mon dégoût envers ces gens. Je ne supportais pas leur étroitesse d’esprit et leur égoïsme dans un tel moment.
Je repense à cette *je ne sais pas comment la définir mais choisissez n’importe quel mot péjoratif* qui se plaignait de nos rations de survie alors que le contenu était très généreux et très bon !!! Un jour où nous avons fait une pause street food, cette *BIP* me dit : « ohlala ça fait du bien de manger autre chose que la merde qu’ils nous filent au camp ! ». Je me suis gardée de lui répondre tellement j’étais choquée !!! Voici en images la « merde » dont elle parle :
Croyez-moi, c’était tout sauf de la merde surtout dans une telle situation et en sachant que les denrées diminuaient de jour en jour dans la ville…
A côté de ça, il y avait malheureusement un gros manque d’information et de communication. En fait, notre team du bac à sable était regroupée au fond de la cour, derrière les grandes tentes. En somme, PERSONNE ne venait nous avertir dès qu’il y avait des informations transmises. Nous étions « les pestiférés du village »… N’imaginez pas que tout le monde était soudé, c’était tout l’inverse ! Chacun pour sa gueule !
Plus tard, une liste tournait dans le camp pour faire un bilan de ceux qui souhaitaient être rapatriés ou non. Pour ma part, je comptais partir par mes propres moyens mais il était hors de question de rentrer en France. Pourquoi ? Parce que je pense que j’aurai très mal vécu un retour après un tel choc et parce que continuer mon voyage aura certainement été la meilleure décision à prendre.
Le point positif c’est que dans notre team, nous étions soudés et nous n’avons manqué de rien pendant ces quelques jours au camp.
En somme, l’Ambassade de France a géré sur quelques points mais a merdé sur d’autres. Pour info, l’Ambassade du Royaume-Uni, par exemple, a accueilli tous types de ressortissants sans faire de distinction.
Mercredi 29 avril
Derniers « au revoir » aux membres de notre team du bac à sable qui se font rapatrier. Gwen, Julien et moi retournons à Thamel pour trouver un endroit où dormir. Nous essayons leur hostel mais le propriétaire n’est pas rassuré de peur qu’il y ait de nouvelles secousses… Alors, nous retournons à mon hostel, Zen B&B. En arrivant, c’est un Allemand qui nous accueille, Herbert, car les proprios ne restent pas ici… Hmm pas très rassurant tout ça mais nous n’avons pas 36 solutions alors nous décidons de rester là. Nous sommes 6 dans l’hostel : Herbert (Allemand), Marco (Italien), Sergio (Chilien) et nous trois (Français).
Chaque soir, avant de dormir, j’espère de tout mon coeur que l’immeuble ne s’effondrera pas sur nous pendant notre sommeil… Heureusement, l’ambiance est bonne dans le dortoir et notre Marco se charge de nous divertir 🙂 !
Jesse a quitté le Népal deux jours après le séisme, Ax et Matt sont partis en Inde en bus, Gwen et Ju sont restés encore quelques jours sur place et ont aidé les Népalais comme ils pouvaient, quant à moi je suis partie le 1er mai à Bangkok avant de rejoindre la Birmanie.
Le mot de la fin
Ça fait bizarre de se trouver au coeur d’une telle situation qu’on n’imagine pas une seule seconde vivre en réalité…
La première fois que j’ai découvert les images du tremblement de terre à la télé locale, j’étais choquée et j’imaginais à quel point mes proches devaient être inquiets. J’étais aussi agacée car malgré ce désastre, j’étais très loin d’être à plaindre ! Evidemment que j’ai eu peur mais ma situation n’avait rien de si terrible contrairement à tous ces pauvres gens qui ont perdu la vie ou celle de leurs proches, leurs maisons, etc.
Vendredi 1er mai, jour où j’ai quitté le Népal, en chemin vers l’aéroport, j’ai demandé à mon chauffeur de taxi comment lui et sa famille allaient. Il m’a répondu : « Je ne sais pas si ma femme est vivante, je ne sais pas si mes enfants sont vivants, je ne sais pas si ma maison est encore debout… Mon village est à 200km de Katmandou et je ne peux pas y aller car je dois travailler ! » J’ai ravalé mes larmes avec difficulté… Putain ! Et moi je quitte le pays, je suis saine et sauve, je n’ai rien perdu… A cet instant, mon sentiment de culpabilité est au summum… Je n’avais qu’une seule envie : emmener ce monsieur dans son village !!! Mais c’était impossible… Même si je le voulais, les routes étaient impraticables et je ne pouvais pas m’improviser superwoman, malheureusement…
Lorsqu’il m’a déposée à l’aéroport (où j’ai attendu 10 heures car arrivée en avance et ne sachant pas dans quelles circonstances j’allais me retrouver puis mon vol a eu du retard), je me suis effondrée en larmes. Soulagée d’être en vie après un tel désastre et coupable de laisser tous ces gens dans le besoin derrière moi… « Pourquoi suis-je vivante et pas eux ? »
…
Aujourd’hui, je suis très sensible aux tremblements, vibrations et bruits « bizarres », forcément… Un camion qui passe, un pont instable, le métro qui fait vibrer la terrasse d’un café parisien… Je garde un oeil sur les catastrophes naturelles en général et, évidemment, sur les tremblements de terre. Les jours qui ont suivi le séisme au Népal, j’avais la sensation que ça tremblait même lorsque ce n’était pas le cas… Mon coeur s’emballait quand j’étais dans un lit superposé et que quelqu’un le faisait bouger…
Désormais, je consulte régulièrement le site earthquaketrack.com qui recense tous les séismes dans le monde… Je m’informe sur ce qu’il se passe au Népal, évidemment…
Je comptais aller en Nouvelle-Zélande et au Japon mais j’ai mis ces idées de côté car je ne suis pas encore prête à vivre un nouveau tremblement de terre, qu’importe si le pays a les infrastructures conçues pour ce genre de situation.
Je ne sais pas vraiment comment conclure cet article alors j’espère que vous continuerez de découvrir le Népal parce que malgré les risques naturels qui y sévissent, c’est un morceau de planète qui m’a enchantée et que je revisiterai avec plaisir ! 🙂
Edit 25/04/2016 : découvrez le récit de mon ami Jesse (en anglais) ainsi qu’un autre article que j’ai écrit en anglais, 1 an après le tremblement de terre que j’ai vécu au Népal.
Tchô Cynthia,
Merci pour ton article, et même si comme tu le dis, il ne faut pas se focaliser sur le tremblement de terre en parlant du Népal, car il y a beaucoup de choses intéressantes à narrer, ben…tout de même, tu as vécu là quelque chose d’unique dans la vie d’un homme ( je parle de l’humain, donc).! Parler de la force de la nature n’est vraiment pas un vain mot !
Ce fut passionnant de te lire et, franchement, j’en tremble aussi !
En conclusion, je citerai la première phrase de « Terre des hommes », de Saint -Exupéry:
« LA TERRE NOUS EN APPREND PLUS LONG SUR NOUS QUE TOUS LES LIVRES, PARCE QU’ELLE NOUS RÉSISTE »
Prend soin de toi
Bisou
À+
Merci beaucoup Fifi!
Les souvenirs restent intacts mais j’ai beau me relire, les mots ne suffisent pas…
La Terre m’a donné une belle leçon oui!
Merci encore, bisous!!
Même après avoir lu pas mal de récits, pour l’essentiel de voyageurs, qui étaient au Népal durant ce drame, j’avoue que certaines parties de ton récit voient ma gorge se nouer. J’imagine que le fait d’avoir été visité ce pays il y a quelques années ajoute un côté affectif à la chose.
Un récit touchant en tout cas, et une chute qui évidemment fait couler les larmes. Le grand écart entre des gens qui restent dignes face au drame. On pourrait dire qu’ils n’ont pas vraiment le choix, mais il n’empêche. Je comprends oh combien également la frustration de devoir faire face à des idiots.
J’avoue quand je choisis une destination pour un voyage balayer d’un revers de la main les risques sismiques et autre, pariant sur le fait que statistiquement, le risque est négligeable, et qui si ça doit arriver, bah ça arrivera. Mais évidemment, quand ce risque n’est plus un truc abstrait, mais un souvenir, c’est une autre paire de manches !
Dans les autres récits que j’ai pu lire, certains semblaient avoir été complètement perdus durant une ou deux semaines ensuite, ne sachant plus trop si continuer à voyager avait un sens, et puis cette maudite culpabilité d’être une fois de plus dans le bon camp. Le camp de ceux qui n’ont rien eu si ce n’est une grosse grosse trouille (ce qui n’est pas rien soit dit en passant). La suite n’a pas été trop dure pour toi ?
Laurent a récemment publié : L’Isalo, un parc national « aïe ça fait mal c’est trop beau »
J’aimerais beaucoup lire les récits d’autres personnes qui étaient là-bas à ce moment là! Pourrais-tu m’envoyer quelques liens par email stp? Il m’arrive d’échanger avec mes amis qui étaient sur place avec moi mais je suis curieuse de lire d’autres billets.
C’est vrai, ne pas avoir le choix donne une dimension complètement autre à la façon d’appréhender ce genre de situation…
Et bien tu vois, avant cet événement, je ne me souciais JAMAIS d’éventuelles catastrophes naturelles! Elles n’avaient aucune influence sur mes aventures…
Aujourd’hui, c’est différent, c’est clair… D’ailleurs, j’ai oublié de le préciser mais quand je vois des fissures dans un mur, ça ne me laisse pas indifférente… Quand je suis arrivée en Birmanie (après le Népal), je demandais constamment si les hostels où je logeais étaient conçus pour résister en cas de séisme… A Bagan, je savais qu’un tremblement de terre dévastateur avait frappé en 1975 et j’étais encore très sensible aux vibrations donc toujours perturbée dans les lits superposés… De nouvelles peurs font partie de moi maintenant mais j’espère de tout mon coeur qu’elles s’en iront!
En effet, les semaines qui ont suivi ont été très particulières… Je n’ai jamais douté de la poursuite de mon voyage mais je me sentais tellement coupable qu’il m’arrivait d’en pleurer le plus discrètement possible parce que je ne savais pas quoi faire… Entre ça et les frayeurs diverses, c’était un cap un peu difficile à passer mais mon voyage m’a énormément aidée!
Aujourd’hui ça va beaucoup mieux mais quelques trucs m’enquiquinent encore… Je vais voir comment ça va évoluer mais il va falloir que je retourne au Népal et j’ai aussi envie de découvrir des pays qui se trouvent en zones sismiques alors peut-être que cette fois, j’irai accompagnée… On verra! 🙂
Des frissons tout du long de ton récit. Merci pour les détails, l’atmosphere, l’humanité qui se dégage de tes mots. Ce que j’ai lu : le récit d’une catastrophe naturelle, mais aussi une aventure humaine, une histoire d’amitié, de vulnérabilité… Merci pour ce partage, qui, je l’espère, t’a soulagée un peu. Parfois, ça fait du bien d’écrire.
J’étais en Inde à ce moment là, comme tu le demande plus haut, je te joins le lien du texte que j’ai écris le lendemain. Il a été publié dans le journal local où une amie travaille. Evidemment, évidemment, on est très très très loin de ce que toi et les népalais ont vécu. Mais je me retrouve, par exemple, dans la paranoia d’après !
Prends soin de toi, Namaste,
Capucine
http://www.normandie-actu.fr/billet-capucine-25-ans-de-caen-raconte-le-tremblement-de-terre-a-new-delhi_133266/
Wow, je viens de lire ton article… Je savais que les secousses avaient été ressenties à Delhi mais je ne pensais pas autant… Ton récit m’a fait sourire et il m’a aussi rappelé de bons et mauvais souvenirs… Merci mille fois d’avoir lu mon article mais surtout d’avoir partagé le tiens! Comme tu le dis si bien, c’est gonflant de lire les articles de tous ces journalistes qui courent après le sensationnel mais n’ont absolument aucune idée de ce dont ils parlent!
Toi et moi on a vécu ce séisme, à des endroit différents, certes, mais on sait de quoi on parle et c’est ce genre d’articles que j’aime et que j’ai besoin de lire.
Ton billet m’a secouée car je revis chaque instant comme s’ils dataient d’hier… Je ne pense pas avoir cicatrisé même si j’ai toujours la joie de vivre. Ce « truc » me hante et encore aujourd’hui, je me fait sursauter toute seule sur mon bureau ou dans mon lit…
Partager ça me fait du bien mais c’est aussi et surtout pour essayer de faire comprendre aux autres que la vie est précieuse et qu’on pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres ces choses là alors que non, tout peut arriver et à tout le monde. Aussi bien du positif que du négatif. C’est la vie et il faut en profiter chaque seconde!
C’est aussi un « coup de gueule » par rapport à tout ce qui a circulé dans les bouches et les claviers de ceux qui n’étaient PAS là!
Je repense encore à mes parents qui étaient dévastés quand ils voyaient les images à la télé alors qu’au fond, j’allais bien. Bien sûr qu’il faut informer mais je trouve ça horrible de faire du sensationnel sur le dos de tous ces gens qui ont tant perdu et de blesser des familles (NOS familles) en leur permettant d’imaginer le pire alors que ce n’était pas toujours le cas.
Bref, merci encore Capucine! Et sache que je ne suis pas à plaindre plus ou moins que quiconque ayant vécu ça.
Prend soin de toi aussi! 🙂
Merci d’avoir partagé ce récit très touchant avec nous. J’avais comme l’impression d’y être, et c’est difficile dans ce genre d’évènements (du moins je l’imagine) de devoir faire des choix. J’allais justement te poser la question du comment s’est passé la suite, mais tu y a déjà répondu 🙂
Merci à toi d’avoir lu! 🙂
Je n’aime pas faire ma victime car je suis loin de l’avoir été mais c’est vrai que c’est la seule fois où je me suis vue mourir et ça fait un « drôle » d’effet… Si tu as des questions, n’hésite pas!
A bientôt!
Hé bien, en voilà un récit qui donne des frissons ! Un sacré moment que tu as dû vivre.
Tu ne l’oublieras sans doute jamais…
Merci à toi d’avoir lu mon gros pavé! 🙂
Oui, sacré moment comme tu dis…
Bonjour , merci pour ce beau récit !!! Je suis la maman de Matthieu ! Je pense que vous êtes tous rentrée « grandis » de ce voyage un peu perturbé !!! Mais ce fu une belle expérience …..et je sais que Matthieu et Axelle ont fait de belle rencontre ….bises et bonne continuation !!!
Bonjour Patricia, merci infiniment d’avoir lu mon article et merci pour vos gentils mots! C’est vrai que c’était une sorte de mal pour un bien et que ça restera à jamais en nous. Prenez soin de vous. Un bisou. 🙂
Bonjour Cyn,
Beaucoup de choses dans ton texte me touchent, j’en ai la gorge nouée.
J’ai voyagé à Christchurch en Nouvelle-Zélande un peu moins d’un an après le tremblement de terre meurtrier qui avait détruit le centre ville, avec des amies j’étais hébergée par une famille adorable, encore très choquée et traumatisée par les séismes, surtout qu’il y a avait encore des répliques de faible intensité régulièrement. C’est d’ailleurs là-bas que j’y ai vécu mon premier séisme, une petite secousse faible au milieu de la nuit, et malgré sa propre peur, la première chose que la maman a fait, c’est de nous demander si on allait bien et de nous rassurer.
Du coup sa gentillesse est restée associée au souvenir de ce moment inquiétant, cette sensation que tu décris parfaitement « Nous avons l’habitude de dire « il faut garder les pieds sur terre », synonyme de stabilité. Et pourtant, la terre n’est pas stable et ça, c’est dur à assimiler. »
Je crois que c’est aussi grâce à elle que la perspective des tremblements de terre m’effraie moins.
En tous cas je te souhaite de pouvoir un jour retourner au Népal, et de découvrir d’autres pays sismiques, avec bonheur et sérénité.
Anne @ CaminoNomada a récemment publié : Voyager en Equateur pendant une grève générale
Bonjour Anne, merci beaucoup pour ton attention!
Et oui, malgré la faible secousse, la maman est traumatisée et ça explique sa réaction… Je comptais aller en NZ mais ce sera pour plus tard!
J’espère aussi pouvoir retourner au Népal et dans d’autres pays qui secouent 🙂 ! Je ne suis toujours pas prête à y aller seule malheureusement… J’ai d’ailleurs la larme facile quand je regarde des reportages sur le Népal… C’est encore trop tôt pour y revenir même si j’en ai très envie… J’ai peur.
Bonjour merci pour ton récit très bien écrit, c’est bien de réussir à raconter lors ce que l’on a vécu apres des situations difficiles.
J’étais en himalaya indien lors du séisme mais je je n’ai presque rien senti (j’étais dans un bus). Je suis ensuite allé avec une amie au népal 1 mois après la première secousse.
J’ai écrit quelques articles sur mon blog sur la vie à Katmandou et également sur un trek que nous avons pu faire avec un guide népalais.
http://great-himalaya-wilderness.blogspot.fr/2015/05/de-lurgence-la-reconstruction-apres-le.html
Bonjour Vincent, merci à toi d’avoir lu! J’avais tout écrit dans mon journal quand j’étais sur place mais il m’a fallu plus de temps pour poster sur mon blog…
Merci pour le partage de ton article et bravo à toi et ton amie pour avoir aidé les népalais!!!
J’ai eu des frissons à la lecture de cet article. Je ne vais pas mentir, c’est le premier que je lis sur le sujet, n’ayant pas suivi de près l’actualité suite à ce tremblement de terre. J’essaie de me mettre à ta place, de comprendre ce que tu as pu ressentir, mais c’est probablement impossible et c’est certainement une expérience traumatisante, même pour les plus aventureux, même pour les « mieux lotis ».
Ta description du camp de survie reste néanmoins effarante, même si cet homme devait suivre des consignes, on ne comprend pas (s’il y avait de la place) pourquoi d’autres réfugiés n’ont pu être acceptés. Quant au jugement vis-à-vis de la nourriture, là pardonne-moi, mais on a tout les deux vécu assez longtemps en France pour savoir que ce genre comportement, s’il n’est pas très glorieux, n’est en tout cas pas du tout surprenant… certains diront que je suis cliché et que c’est facile de cracher sur mes concitoyens français, mais franchement, c’est typiquement le genre de mentalité que je nous reproche. Jamais content, toujours à râler et à frapper du point sur la table comme si tout nous était acquis d’office.
Bref, pour avoir vu Christchurch après les dégâts et avoir quelques connaissances à Kiwiland qui ont vécu le tremblement aux premières loges, ces catastrophes, où qu’elles frappent laissent des cicatrices ouvertes bien longtemps après et j’espère que la situation là-bas s’accélérera car ils sont toujours dans une situation très délicate 6 mois après.
Et puis bravo à toi d’avoir continué, mais c’est la bonne solution, malgré la peur, il faut vivre et je n’ai pas envie de dire que dans ton malheur tu « as eu de la chance ». Car même si par rapport à d’autres ta situation est plus enviable, personne n’est chanceux de survivre à une catastrophe, tu as été épargnée c’est tout, et j’espère que tu ne te sens pas coupable ou quoi que se soit pour ça.
Comme tu dis, malheureusement, certains de nos cons-citoyens français ont la meilleure place au rang des râleurs. Pourtant, dans une telle situation, j’ai pensé (à tort) que ce serait différent… J’ai pensé qu’on aurait pu se soutenir tous ensemble puisque nous avions tous une peur commune… Mais bon, je n’ai pas envie de généraliser parce que parmi les cons, il y avait tout de même de belles personnes que je suis ravie d’avoir rencontrées! 🙂
Oh tu sais, je ne mérite pas d’être félicitée d’avoir continué, c’était la meilleure solution selon moi pour me remettre de cet événement au mieux.
Mon sentiment de culpabilité est moins intense, c’est vrai, mais il est toujours là même si je n’en fais pas un frein. Je n’ai pas le droit de me plaindre et je ne me plaindrai jamais d’avoir survécu à ces événements. Au contraire, j’ai encore plus envie de croquer la vie à pleines dents et de faire du bien autour de moi! 🙂
Merci d’avoir lu en tout cas parce que c’est un sacré pavé!
Merci pour ce que tu racontes! Tu as les mots justes pour décrire ton expérience, bravo.
Pour ma part, j’ai 16 ans et je me trouvais également au Népal au moment du séisme. A vrai dire, je n’ai pas senti les premières secousses car j’étais en bus, mais on a vite compris que quelque chose de tournait pas rond lorsque des rochers ont commncé a tomber sur la route. Pour moi, le plus dur a voir ça a été les gens. Dans mon bus, il y a une dame qui a fondu en larme après un coup de fil. Je ne préfère pas imaginer ce qui a pu arriver a ses proches… Ce jour la, c’était la vieille de notre départ prévu depuis le début, on était donc en route pour Katmandou. La vue de la ville a été duré aussi, car nous sommes arrivés après la plupart des dégâts.
Tu as raison par rapport a tes sentiments. C’est la culpabilité qui ressort le plus, car je garde un souvenir magnifique de mon voyage…
J’espère que tu auras l’occasion de te rendre utile ou d’y retourner, ça peut sans doute t’aider a aller mieux. Moi j’y retourne an prochain pour aider a la reconstruction, je pense que ça m’aidera a oublier être culpabilité et a me sentir utile pour ce peuple, qui m’a beaucoup touché avant même le séisme…
Merci pour ton récit!
Salut Clara,
Merci pour ton témoignage et d’avoir pris le temps de lire mon article.
J’ai mis en place une cagnotte https://www.leetchi.com/c/nepal-bandipur (qui expire dans 5 jours) pour aider le village de Bandipur en attendant d’y retourner.
C’est vraiment super si tu y retournes pour aider à la reconstruction parce qu’ils en ont vraiment besoin!
En parallèle, je suis en pleine réflexion pour aider à une échelle plus large car ailleurs et en France aussi, j’aimerais pouvoir faire quelque chose. A suivre…
Bon courage à toi! 🙂
Eh ben… je viens de tout lire, touchant et impressionnant..
Combien de temps es tu restée au Népal?
Nous sommes deux montpelliérains, on part pour l’Amérique du Sud dans 38 jours avec un projet solidaire, celui de sensibiliser sur la leucémie.
Au plaisir de te lire prochainement ! Je viens de rejoindre ta page fb sur laquelle je suis tombée par hasard :).
Besito !
Maryne et Julio
Hello Maryne,
Merci d’avoir lu jusqu’au bout (c’est un gros morceau celui-là!).
J’y suis restée 1 mois (avril).
Je regarderai votre projet! 😉
Bisous à vous 2
Très beau témoignage pour un sujet sensible. Ce que tu racontes nous prend à la gorge… Je connais mal les caractéristiques sismiques du Népal mais cela a effectivement l’air d’avoir été une sacré peur. En vivant au Japon, je vis aussi dans la peur d’un gros cataclysme imminent. Même si j’imagine que les infrastructures ne sont pas du tout les mêmes.
Alex a récemment publié : Le tramblement de terre qui fait trembler le Japon
Superbe récit et quelle aventure vous avez vécue. Qui nous prouve une nouvelle fois que nous sommes bien petits face à la nature