Napoli, Napoli, Napoli

Cette année, je suis allée en Italie pour la énième fois. Je dis « énième » car c’est le pays d’origine de mon papa et nous y allons régulièrement pour retrouver notre famille. Le titre de cet article n’est pas anodin puisqu’en pensant à l’écrire, c’est une vieille chanson napolitaine qui résonne dans toutes les têtes et tous les coeurs des Napolitains qui m’est venue à l’esprit. La question n’est pas d’aimer cette chanson, c’est un véritable symbole de Naples. 🙂 (C’est mon côté napolitaine qui parle là haha !)

Ça fait des années (depuis ma naissance) que je vais là-bas en vacances, à Gragnano, Castellammare di Stabia, Scafati, Pompei, Boscoreale… J’ai d’ailleurs eu la chance d’y connaître la Lira que j’associe avec mes meilleurs souvenirs d’enfance en Italie. Ce n’est pas la Napoli touristique mais la Napoli authentique. C’est la Napoli qu’on ne voit pas sur les cartes postales et qu’on ne voit pas dans les guides touristiques. C’est le coeur d’un peuple, d’une terre et d’une histoire qui intrigue et qui passionne le monde entier avec le Vesuvio pour protagoniste (et qui fait partie des volcans les plus dangereux du monde puisqu’il est explosif et que des milliers de gens vivent autour de lui…).

C’est les panifici (boulangeries), macellerie (boucheries) et tabaccai (buralistes) qui se succèdent les uns après les autres répondant indirectement à la question: « mais comment font-ils pour fonctionner en étant si nombreux les uns à côté des autres ? ». Question que les napolitains ne se posent pas, de toute évidence… On achète son pain au panificio parce qu’il est più buono, sa viande à la macelleria parce qu’elle est più buona et ses cigarettes au tabaccaio le plus près parce que là-bas, c’est un peu comme en Indonésie, tout le monde (ou presque) fume. On mange la mozzarella fior di latte ou di bufala à la fourchette d’une main en croquant directement dedans avec un morceau de pain frais dans l’autre main. J’en salive rien que d’y penser ! On achète la pizza au mètre (1 mètre = environ 5€) et on s’attable tous ensemble pour la savourer en hurlant ici et là (parce que oui, là-bas, on parle fort, très fort). En version napolitaine, on dit allucà (pron. alloukka) qu’on traduit par urlare (ourlaré) en italien et, biensûr, en roulant les « r » 🙂 .

Ça fait des années que je considère tout ça (plus ou moins) comme acquis parce que quand je vais là-bas, je suis dans ma zone de confort, comme à la maison. C’est mon autre « chez moi ». Ça ne veut pas dire que je n’apprécie plus tout ça, bien au contraire, je m’en délecte à chaque fois. Cette fois, c’était un voyage en Italie un peu différent. 🙂

Ciel, immeuble et arbre Pompei

La conduite

Hahaha conduire à Naples… J’ai le sourire aux lèvres rien que d’y penser… Pour quelqu’un qui va débarquer là-bas pour la première fois, il se dira probablement: « mais c’est quoi ce bordel ?! Je ne peux pas conduire ici ! ». C’est normal parce que c’est vraiment le bordel. Le code de la route n’existe pas à Naples sauf s’il y a des carabinieri à proximité (et encore). Je sais qu’il ne faut pas comparer mais pour le coup, le bordel napolitain n’a rien à voir avec le bordel indien, par exemple. Alors forcément, ce chaos routier à Naples ne m’impressionne plus comme avant. C’est une question d’adaptation et de maîtrise du klaxon !

Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours laissée transporter ici et là par mes cousins, cousines, etc. Pourtant, cette fois-ci, j’ai voulu, moi aussi, conduire, comme une vraie napolitaine. Là-bas, on ne porte pas la ceinture de sécurité; on s’empresse de la mettre seulement si on croise les carabinieri. Je sais je sais, ce n’est pas intelligent mais c’est comme ça et je ne suis pas là pour donner de leçon. Remarquez, il y a tellement de voitures (TROP de voitures !) qu’il est presque impossible de rouler à plus de 20-30km/h parfois tellement il y a de bouchons mais ce n’est pas une raison, certes… Il faut savoir qu’à Naples il est impératif d’avoir son permis à 18 ans et surtout d’avoir une voiture ! Circuler à vélo est mal vu parce que ça sous-entend qu’on a pas les moyens d’avoir une voiture et donc, qu’on est pauvre… D’ailleurs, là-bas, la plupart des gens n’ont pas d’argent et ils galèrent… Pourtant, ils ont tous une voiture et le smartphone dernier cri…

Pour mon baptême de conduite locale, c’est mon cousin qui m’a laissée conduire sa voiture, toute neuve ! En le voyant, je lui balance un « hey tu me laisses conduire ? » en pensant qu’il n’accepterait jamais alors qu’il m’a dit « tu veux ? Bah vas-y ! ». Il ne fallait pas me le dire deux fois, je me suis installée, et j’ai embarqué mes cousins et cousines pour une super virée nocturne ! 🙂 (Pour conduire là-bas, il faut savoir s’adapter mais surtout avoir confiance en soi car il n’y a pas de temps pour hésiter !)

conduire à Naples
J’ai quand même mis la ceinture pour mon baptême nocturne ! 🙂

Un autre soir, j’ai emprunté la voiture de ma tante pour aller faire un tour toute seule. J’ai de nouveau mis de côté le code de la route et j’ai appliqué le code napolitain. Hahaha quelle expérience ! C’est tellement bon de se sentir locale, de passer par des routes de campagne et de ne pas avoir l’étiquette de touriste ! Je me suis fondue dans le chaos napolitain que j’aime tant depuis toujours ! D’ailleurs, vous savez ce qui m’a le plus fait sourire ? C’est la réaction de mes cousins qui mettaient en avant mon trip à moto au Vietnam pour justifier que conduire ici serait un jeu d’enfant pour moi. 🙂 Je suis la selvaggia ou encore le spirito libero de la famille, comme ils le disent et comme j’aime l’entendre.

La drague

Je réfléchis à comment je vais bien pouvoir raconter ça hahaha… Si vous lisez mes articles, vous remarquez probablement que je ne parle pas beaucoup de mes histoires d’amour en voyage. Cette fois, je ne vais pas vous parler d’amour mais de drague.

Vous vous doutez bien que draguer ne se fait pas forcément de la même façon d’un pays et d’une culture à l’autre. Il faut savoir qu’en Italie, même si les mentalités évoluent petit à petit, ça fonctionne encore à l’ancienne et ils sont bien moins ouverts que nous, Français. En clair, là-bas, c’est l’homme qui courtise la femme, et pas l’inverse. C’est comme ça et même si je ne vois pas les choses de la même façon, ça donne quand même un certain charme à la drague italienne, quoi qu’on en dise.

Bref.

Un soir à Pompei, je me suis retrouvée pieds nus en plein centre ville…

Tongs cassées

Je marchais tranquillement (pieds nu) en me disant que j’allais trouver une nouvelle paire de chaussures mais pour mes cousines, j’étais en train de réaliser un exploit ! Elles me disaient qu’elles n’auraient jamais pu se balader ainsi, pieds nus, en ville, sous le regard des gens parce que c’est « trop la honte ! ». Pourtant, je n’ai même pas remarqué qu’on me regardait hahaha 😀 !

Re-bref.

Dans le café où nous nous sommes installés, je suis entrée (toujours pieds nus) quand mon regard a croisé (et s’est perdu dans) celui d’un bel italien derrière le bar. Vous pensez à un cliché ? Alors vous pensez bien ! 😉 Grand, brun, bronzé, bien coiffé, bien rasé, bien habillé, bref, tout était bien en place.

En temps normal, quand je viens en Italie, je suis avec ma famille et il ne m’est arrivée qu’une seule fois d’y avoir un fidanzato. Là, toujours en présence de ma famille, je réfléchissais à un moyen d’entrer en contact avec ce cher monsieur (non, franchement, il était craquant, je devais faire quelque chose !!!). En dehors d’échanges de regards, je ne pouvais pas faire plus et je voulais rester discrète… En quittant le bar, je me disais que ce serait trop bête de ne pas le revoir alors j’ai pris mon courage à deux pieds et j’y suis retournée pour lui donner ma carte de visite (c’est plus classe qu’un numéro sur un morceau de papier non ? Haha). Je lui ai tendu ma carte, un peu maladroite et déstabilisée par son charme, alors qu’il était derrière son bar avec ses collègues. Je lui ai dit un dernier ciao timide et je me suis enfuie… Bien évidemment, en retrouvant mes cousines, elles m’ont demandée ce que j’étais partie faire. J’ai vu leurs visages partagés. D’un côté, elles étaient impressionnées et de l’autre, elles étaient choquées.

Le lendemain matin, le bel italien (qu’on appellera D.) s’est manifesté sur Facebook et a entamé la conversation. Après quelques messages, nous nous sommes donnés rendez-vous le soir même pour prendre un café ensemble. Même si je me doutais un peu des réponses, j’ai pu lui poser des questions notamment sur la drague et les codes de séduction entre hommes et femmes ici. Il me disait qu’il était impressionné par ce que j’avais fait et par mon courage pour l’aborder. Il me disait aussi qu’il était suffisamment ouvert d’esprit pour voir ça du bon côté. En revanche, il m’a confiée qu’en général ce n’est pas bien vu qu’une femme aborde un homme plutôt que l’inverse. Je n’ai rien dit à personne puisque, réellement, là-bas, qui aurait cru que je puisse aller voir un homme juste pour prendre un café ? Honnêtement…

Après ce rendez-vous bien agréable, je suis rentrée à la maison. (Ah si si, je vous assure !)

Pompei

Les couples

Là-bas, la plupart des jeunes veulent être en couple. Bien sûr, il y a des exceptions (plutôt du côté des mecs) mais sinon, le but commun de tous les jeunes est de se mettre en couple, se marier et avoir des enfants. Tous vivent chez leurs parents tant qu’ils ne sont pas mariés. D’ailleurs, chacun dort chez ses parents et pour les petites affaires intimes, ça se passe souvent dans leurs voitures, entre autres lieux hors du domicile familial.

Puisque la vie à deux ne se fait qu’après le mariage, les couples passent leur temps ensemble chez l’un, chez l’autre ou dehors avec les copains. Ils font tout ensemble et ne se quittent jamais. C’est quelque chose qui serait impossible pour moi et peut-être pour certains d’entre vous aussi: tout faire en couple, constamment, même aller chercher du pain… Ils s’appellent tous amo (= amore) ou encore vita pour vita mia (= ma vie).

Sur Facebook, ils se postent constamment des messages d’amour, des photos et des citations pour se dire à quel point ils s’aiment. Ils parlent de mariage sans aucun tabou, peu importe s’ils sont ensemble depuis peu et qu’il ne se connaissent pas encore.

Le Vesuvio

Je pourrai partager encore plein de choses mais je vais conclure avec le Vesuvio (le Vésuve).

Lorsque je vais en vacances à Naples, je suis chez ma tante a Scafati. Cette ville est voisine de Pompei, elle aussi au pied du volcan. Le secteur est délimité en deux zones: rouge et jaune. Scafati se trouve dans la zone rouge, sans surprise si vous regardez la carte… C’est donc un secteur à risque et en cas d’éruption, une partie de ma famille devra être évacuée en Sicile, une autre partie en Calabre, une autre en zone jaune ne devrait a priori pas être évacuée… Hautement surveillé, le Vésuve nécessite des tas de rapports et de contrôles pour prévenir au mieux les terribles dégâts à venir…

Le Vesuvio est un sujet qui revient souvent dans nos conversations parce que même s’il est d’une beauté empoisonnée, il fait partie de la population, de Naples, de l’Italie. D’un côté, j’ai ma cousine qui est terrifiée à l’idée de mourir à cause du Vésuve, de l’autre, j’ai celle qui en plaisante en se disant qu’il faudra vite faire un selfie pendant l’éruption et le poster à temps avant de se faire ensevelir… Sur le ton de l’humour, j’ajoute que sa statue en train de faire son selfie passera dans tous les JT du monde ! Et puis, quand quelqu’un lui dit « de toutes façons, tu veux faire quoi ? Prendre tes affaires et partir ? Mais partir où ? » elle répond « jamais ! Je préfère mourir chez moi, sur ma terre ! ».

Tout le monde est partagé entre la peur et la fatalité mais la vie continue.

Quant à moi, je pense quoi de tout ça ? Je suis terrifiée à l’idée de penser à la prochaine éruption du Vesuvio et j’ai peur pour ma famille mais que puis-je faire ? Rien. On ne peut rien contre la nature alors en attendant, on ne peut que profiter de chaque jour qui passe, et je continuerai d’y aller chaque fois que j’en aurai l’occasion.

2 commentaires

  1. Nan mais c’est clair que ça craint pour Naples et qu’un jour ou l’autre il va se reveiller! J’avais lu qu’il y avait 2M d’habitant à Naples, ce carnage! Et à côté il me semble qu’il y a des champs géothermiques qui correspondent aussi à un deuxième très gros volcan.

    Bon normalement, un volcan ça prévient, mais vivre à Naples, c’est prendre un risque quand même!

  2. Il y a des systèmes d’alerte. On peut espérer que la prochaine éruption du vésuve sera prévisible et que tout le monde pourra être mis à l’abris.

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