« Fffoouuu » c’est le soupire que je viens d’émettre en entamant la rédaction de cet article. Aucune surprise, je vais effectivement vous parler d’un tremblement de terre à Bali qui ne m’a pas laissée indifférente…
Si vous avez manqué mes précédents articles à propos de Bali, ils sont ici et là et encore ici.
Mardi 21 mars 2017
En début d’après-midi, j’arrive d’Ubud à Seminyak après un trajet relativement rapide mais interrompu par une crevaison du pneu arrière de mon scooter. Pour info, j’ai payé 35000 Rp/± 2,50€ pour faire réparer ça en un clin d’oeil. D’ailleurs, plusieurs Balinais me voyant galérer avec mon pneu à plat ont proposé de me guider jusqu’au prochain garagiste. Petit incident rapidement réglé. 🙂
Cette fois, pas de pluie, il fait très beau et je profite de ce dernier trajet à scooter car le lendemain, je retourne au Vietnam.
J’ai choisi de passer ma dernière nuit à Bali au 7 Bidadari Boutique Hotel qui me semblait être d’un bon rapport qualité/prix et d’où je pouvais profiter de la piscine avant mon vol du lendemain soir. Manque de bol, je n’ai profité que d’une petite vue sur la piscine mais pas plus car elle a été envahie par des familles avec leurs mouflets bien relous… J’adore les enfants mais eux, je les aurait noyés, et les parents avec ! -_- (J’exagère, je ne ferais jamais une chose pareille mais ils étaient relous et ça, je ne l’exagère pas !)
Bref, j’ai du boulot donc je reste à l’hôtel pour travailler.
Le soir, je me fais un petit plaisir de grosse feignasse en me commandant des sushis, histoire de dépenser mes dernières roupies indonésiennes (et aussi parce que j’adore les sushis).
Mercredi 22 mars 2017
Après une nuit agitée donc peu reposante (faute d’un mioche pris d’une toux incessante en pleine nuit suivie de pleurs et de gémissements), je m’estime réveillée autour de 5h du matin. D’habitude, je me lève plutôt vers 6h mais bon, on s’en fout. Il fait encore sombre, il est tôt alors je traîne, au lit…
Quand il commence à faire jour, je me mets à rassembler mes affaires pour faire mon sac puisque le check-out se fait avant midi.
Vers 7h, je vais prendre ma douche, tranquillement. Je shampouine mes cheveux et m’enduis de gel douche quand soudain…
Le sol se met à trembler.
Il se met à trembler un peu, puis beaucoup. À Katmandou, je n’avais pas réalisé tout de suite qu’il s’agissait d’un séisme mais là, forcément, j’ai compris tout de suite et les premiers mots qui sont sortis de ma bouche étaient : « Oh putain non ! ».
Mon coeur s’est mis à battre à une vitesse décoiffante. J’étais terrifiée. Je faisais en sorte de respirer profondément et le plus calmement possible en essayant de me contrôler puisque je ne pouvais rien contrôler d’autre… J’étais nue, sous la douche, couverte de shampoing et de gel douche, complètement vulnérable. Je sentais le sol trembler, pieds nus et je m’agrippais comme je pouvais à l’encadrement de la porte de la salle de bains. J’entendais les murs trembler, la porte battre comme si quelqu’un s’acharnait à vouloir entrer alors qu’elle était verrouillée, les petites cuillères heurter les tasses à café… Juste en face de moi, là où je me tenais sous l’encadrement de la porte, il y avait un miroir. J’ai vu ma tête décomposée mais je n’avais pas envie de faire durer cette contemplation alors j’ai tourné la tête vers la fenêtre et je voyais les vagues dans la piscine… Putain, c’était flippant !
Même si j’étais terrorisée, je ne me suis pas dit que j’allais mourir. Pas comme au Népal.
Par contre, j’espérais que ça cesse vite et que personne ne soit blessé.
Vous savez ce qui était le plus déroutant ? C’est que personne, absolument personne n’a crié ni paniqué. Quand les secousses ont cessé, j’ai mis un certain temps avant de bouger. Je ne savais pas si je devais m’envelopper dans une serviette et sortir à moitié nue pour aller me mettre en sécurité ailleurs si un risque de tsunami était annoncé, je ne savais pas si j’avais le temps de me rincer avant de m’envelopper dans une serviette, je ne savais pas si ça allait trembler à nouveau, je ne savais pas s’il allait y avoir un tsunami… Tout était brouillon dans ma tête. Finalement, je me suis rincée à vitesse grand V (je crois que je ne me suis jamais rincée aussi rapidement de toute ma vie !), je me suis enroulée dans ma serviette et me suis assise, dans ma chambre d’hôtel.
Je tremblais tellement que je ne pouvais de toutes façons pas marcher. Je continuais à respirer profondément car malgré la fin des secousses, ce n’était pas la fin de ma terreur.
Ceci dit, il y a quand même un truc qui m’a plus ou moins fait du bien : alors que j’étais en pleine concentration pour me contrôler du mieux possible, les gens n’ont pas tardé à sortir pour échanger leurs impressions sur ce qui venait de se passer. Il y avait ces jeunes, des Allemands, qui parlaient devant ma terrasse et bien que je ne comprenne rien à l’allemand, il semblerait qu’un de leurs amis était dans une situation cocasse pendant le séisme, ce qui a bien fait rire leur groupe d’amis. En clair, ils n’étaient absolument pas perturbés mais plutôt amusés.
Au moment de quitter ma chambre, plus de 4h après le séisme, je voyais que tout avait l’air normal. Le personnel de l’hôtel faisait son travail, les mouflets étaient toujours aussi relous ( 🙂 ) et rien ne semblait en désordre, sauf moi « lol ».
D’ailleurs, en consultant les informations du tremblement de terre, les avis n’étaient pas en accord car certains parlaient d’une magnitude de 5,5 alors que d’autres disaient 6,4. Enfin, au final, peu importe le chiffre que je vous donne, il faut le vivre pour comprendre et il était costaud celui-là d’après toutes les personnes l’ayant ressenti.
Et vous connaissez la meilleure ? En ce 22 mars, je quittais Bali. Plutôt vibrant comme « cadeau » d’au revoir non ?!
Depuis le tremblement de terre du Népal, je n’avais pas vécu de phénomène naturel similaire. Ça faisait presque 2 ans (depuis le 25 avril 2015). Je pensais que mon traumatisme avait diminué et je pense que c’est le cas. Malheureusement, il ne disparaîtra probablement jamais totalement et avec ce nouvel épisode à Bali, j’ai l’impression d’avoir remis les compteurs à zéro, en quelque sorte.
Au moment où j’écris cet article, nous sommes le 16 avril 2017, je suis à Hanoi, presque 1 mois après ce séisme à Bali et j’ai encore des sursauts voire des bouffées de chaleur en pensant que le sol tremble alors qu’ici, au Vietnam, aucun risque que ça se produise (enfin je crois – peut-on vraiment être sûr de quoi que ce soit dans la vie ?). C’est ma peur qui me fait ressentir ces tremblements tout droit sortis de mon imagination mais je ne peux rien y faire à part attendre et les laisser se dissiper avec le temps en espérant que mon traumatisme ne soit pas de nouveau chahuté mais ça, c’est une autre histoire…
Je pense que je garderai cette cicatrice à vie comme n’importe quel traumatisme qui puisse toucher un être vivant et même si c’est parfois désagréable, j’essaye de ne pas m’en plaindre.
C’est drôle, dès l’instant où je savais que j’allais à Bali, je m’attendais à ce qu’au moins un séisme se produise. Île volcanique qui se trouve en zone sismique, j’y allais en connaissance de causes et avec une certaine appréhension qui m’a constamment habitée pendant mon mois passé là-bas. J’inspectais les endroits où je dormais, je me posais des questions sur les fissures des bâtiments, je me demandais si un tsunami pourrait se produire, je repérais les panneaux d’évacuation en cas de tsunami, etc.
Depuis le tremblement de terre au Népal, je garde toujours un oeil sur l’activité sismique là-bas mais aussi en général. Je n’y peux rien, même si parfois je ne m’en occupe pas, il y a toujours un moment qui me rappelle de jeter un oeil, « au cas où ». À Bali, vous imaginez bien que j’étais aux aguets.
Bref, j’ai encore (sur)vécu un tremblement de terre.
Quelle expérience traumatisante. Ton récit fait vraiment peur. Je n’ai jamais vécu moi-même un tremblement de terre. Ma seule expérience: en direct sur skype avec des amis qui vivent en Guadeloupe et chez qui la terre s’est mise à trembler pendant notre conversation! Bien flippant!