Bagan, soit t’es touriste, soit t’es malin!

J’ai quitté Rangoun en train pour rejoindre la célèbre cité de Bagan. Pour éviter de me répéter et risque de vous ennuyer, je vous invite à découvrir mon article où je partage mes aventures en train en Birmanie pour vous donner une idée concrète de mes périples mouvementés et hors du commun.

Partie de Rangoon à 16h, j’arrive le lendemain vers 10h à Bagan. Tout de suite, je renifle cet air de tourisme qui me pique le nez. C’est évident, tout le monde veut et va découvrir Bagan. Ça se comprend mais forcément ça gâche un peu le goût d’aventure… Bref, j’embarque dans un taxi (avec trois autres backpackers) que nous payons 5000 kyats chacun (environ 3,50€) –> grosse erreur que vous comprendrez en fin d’article.

Alors je sais, mon titre est à la fois ironique et péjoratif et pourtant, d’après ma propre expérience, il représente vraiment ce que je pense de Bagan: soit t’es touriste, soit t’es malin!

Bagan, entre biftons et pigeons, c’est canon mais…

Pour pouvoir entrer dans la cité de Bagan, j’ai dû payer 22500 kyats soit environ 20€ (–> nouvelle grosse erreur) en ayant le droit d’y rester 5 jours maximum. Quand vous payez, on vous file un ticket d’entrée avec vos dates de séjour… Clairement, là, je suis une touriste et bordel, je déteste cette sensation mais bon, j’y suis alors je me dis quand même que je vais découvrir un bel endroit.

ticket Bagan

J’arrive (encore) trop tôt pour m’installer dans mon auberge de jeunesse mais j’en profite pour terminer mon livre « A better world, A better India ». Une fois dans ma chambre, je rencontre Adrian, un danois très sympa, très accueillant (et très mignon 😉 ). On fait connaissance puis je m’en vais manger un morceau.

Il fait une chaleur encore et toujours étouffante (plus de 43°C) et je comprends alors pourquoi les rues sont désertes: tout le monde reste à l’intérieur et fait la sieste car la température est difficilement supportable pour la plupart des ingalé (même pour les birmans d’ailleurs).

Plus tard dans la journée, je retrouve Sean, un anglais que j’ai rencontré dans le taxi le matin même. Nous partons, chacun sur son e-bike (scooter électrique que j’ai payé 4500 kyats par demi-journée soit environ 3€ et quelques), pour contempler le coucher du soleil sur l’Ayeyarwady River.

soleil couchant à Bagan

Et puis soudain, une petite birmane s’est approchée de nous. Elle s’appelait Susu (à prononcer « sousou »), elle avait 16 ans (mais en faisait 12) et parlait très bien anglais. Du coup, nous avons discuté un bon moment. Elle nous expliquait qu’elle ne pouvait pas aller à l’école car elle devait travailler. Je lui ai demandé de quelle façon elle pouvait parler si bien anglais sans aller à l’école et sa réponse était aussi évidente que ma question idiote: grâce aux touristes. Bref, elle se propose comme guide pour nous faire découvrir Bagan le lendemain et je la remercie chaleureusement mais je ne lui promets pas de la recontacter en soulignant toutefois que j’ai beaucoup apprécié ce moment avec elle.

une jeune birmane et moi à Bagan

Le lendemain, réveil à l’aube pour le lever du soleil. Toujours avec mon e-bike, c’est Adrian qui s’improvise guide pour m’emmener à son spot favoris où nous pourrons observer ce superbe spectacle. Nous arrivons devant une pagode qu’il va falloir grimper (j’adore!!!) pour aller se percher à son plus haut niveau et s’installer en silence pour admirer la nature environnante, les milliers de pagodes qui nous entourent et le réveil de notre beau soleil sur un lit de brume matinale. Je savoure cet instant.

Une fois le soleil sorti de son lit, nous retournons à l’hostel pour prendre notre petit-déjeuner ensemble. Adrian étudie l’anthropologie à Copenhague et en attendant de reprendre les cours, comme beaucoup d’autres étudiants, il fait un break pour voyager. Malheureusement, il quitte Bagan ce jour alors nous nous promettons de rester en contact en espérant se retrouver plus tard selon nos parcours respectifs.

Après le départ d’Adrian, toujours avec mon e-bike, je pars explorer la cité et ses environs. Je m’aventure dans des endroits un peu « bizarres » où je suis gentiment recalée genre « no tourist here! No tourist here! » mais avec le sourire! 🙂

scooter électrique à Bagan

Je passe la matinée à découvrir et contempler des temples et pagodes. Je croise un jeune birman qui m’explique que beaucoup de temples sont dégradés voire complètement effondrés à cause du tremblement de terre de 1975. J’ai bien remarqué les séquelles de certaines pagodes alors forcément, je ressens un sentiment étrange qui me ramène en avril dernier lorsque j’étais au Népal… Je suis sensible à ces fissures plus ou moins importantes qui montrent la violence de ce séisme… D’ailleurs, beaucoup de bouddhas à l’intérieur des temples ne sont pas originaux car trop endommagés. Ils ont été remplacés par des versions plus modernes qui ne sont pas vraiment au goût des birmans. Les originaux étaient taillés dans la pierre tandis que les nouveaux sont en ciment.

L’après-midi, je me suis reposée car il faisait vraiment trop chaud pour faire quoi que ce soit d’autre.

Nous sommes le 12 mai 2015 et, malheureusement, mon flashback d’avril au Népal s’intensifie quand je découvre que le pays vient d’être frappé par un nouveau gros séisme de 7.4 … Je suis secouée et contacte mes amis népalais immédiatement en espérant qu’ils soient sains et saufs. Je suis dans tous mes états mais personne autour de moi ne semble être affecté alors je garde ça pour moi, j’essaye d’intérioriser mais c’est difficile… Et puis, pour être honnête, ça ravive ma crainte de vivre un autre tremblement de terre en imaginant celui qui a dévasté Bagan…

En fin d’après-midi, je repars avec mon e-bike pour explorer d’autres coins où je ne suis pas encore allée. Sur le chemin du retour, je croise la petite Nini qui me propose de visiter son village. Je sais bien que c’est une expérience qui se soldera par un billet mais j’accepte quand même car la petite parle bien anglais et j’en profiterai pour voir la vie des birmans loin du Bagan touristique. Cette petite fille était très douée dans ses explications et démonstrations et elle prenait toujours soin de me demander mon avis avant de se lancer dans ses présentations. Nini m’a fait découvrir la fabrication de vêtements en coton, de l’huile d’arachides, de cigars, de coton…

Ce que je retiens de Bagan

Ne me demandez pas des noms de temples ou de pagodes car j’en ai aucun à vous sortir… En fait, ce que j’ai aimé à Bagan (et comme la plupart du temps) c’est de me promener seule au milieu de ces milliers de pagodes. En effet, le tourisme se renifle et ne fera qu’augmenter au fil du temps mais j’ai quand même réussi à me retrouver seule pour observer de sublimes pagodes que je me suis amusée à grimper pour observer la vue d’en haut! D’ailleurs, sur certaines d’entre elles, il y a des restes de fresques avec des couleurs incroyables! Si aujourd’hui c’est la couleur de la brique rouge qui est prédominante, il est évident qu’à l’origine ce devait être bien plus nuancé.

En bref, les temples et pagodes de Bagan sont vraiment magnifiques mais c’est clairement un repère à touristes qui ne vaut pas ses 20€ de frais d’entrée (pwaaa la meuf blasée!). Sans déconner, je reconnais avoir suivi la masse en allant à Bagan parce que soyons honnêtes, c’est Bagan et c’est difficile d’imaginer passer à côté quand on découvre la Birmanie pour la première fois. En revanche, des endroits aussi beaux et beaucoup plus authentiques sont accessibles dans le pays, loin des touristes et sans contribuer à entretenir un gouvernement malsain. D’ailleurs, je vous invite à lire cet article de Marie et Tim en espérant que ça vous éclairera un peu sur la situation birmane et les pratiques douteuses du gouvernement (lisez aussi les commentaires). Vous pouvez aussi lire l’article de Tugdual qui évoque des points intéressants à propos de la Birmanie (j’ai également commenté si vous voulez connaître mon opinion). Pour finir, je vous renvoie vers l’article des leussestucru qui ont été beaucoup plus malins que moi en prenant un minibus local pour seulement 1$ (de la gare à Bagan) et sans se faire racketter de 20€ 🙂 !

Si c’était à refaire, je ne prendrais pas de taxi à touristes depuis la gare et je ne payerais pas les 20€ de faux frais d’entrée. Peut-être même que je n’irais pas à Bagan! 😉

3 commentaires

  1. « ah wouais » moi je suis au dessus des touristes.. je prends le taxi car pas capable de me mêler aux locaux dans les transports en commun mais je suis quand même mueu qu’un touriste.
    Quelle condescendance ! Moi et un pote ont a bien rit en lisant cette article. On vient d’arriver à Bagan mais ce n’est pas ce torchon qui nous donneras des idées..

  2. Je n’ai pas vécu le même voyage et pourtant on a visité la Birmanie en famille juste un an avant toi. C’est sûr que l’itinéraire est assez balisé et que certaines zones sensibles du pays ne sont pas accessibles. Mais on est quand même loin de l’usine à touristes.
    Je ne trouve pas scandaleux de payer 20 euros pour pouvoir visiter un site grandiose et immense qui comme tu le soulignes a besoin d’entretien. J’imagine que le ticket d’entré y contribue. Au contraire il serait fort déplacé et très égoïste de vouloir admirer, dans un pays pauvre, une des merveilles de ce monde sans débourser quoi que ce soit. Parce que finalement 20 euros, pour toi qui a pu te payer le billet d’avion, c’est très peu. Non?

    • Salut Fabrice, en effet, cet article date de 2015… J’ai pris soin de partager des articles qui expriment bien pourquoi je trouve que c’est « gênant » de payer ces 20 eur. Évidemment, c’est une somme dérisoire pour nous mais je te laisse lire les articles que j’ai cités car c’est plutôt par rapport au fait que cet argent atterrisse dans les mauvaises poches. 😉

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