Agra-cadabra

Le 3 mars 2015, je m’envolais vers le pays qui m’a toujours intriguée, fascinée et attirée: l’Inde. Dans mon dernier article indien, je vous parlais principalement de Delhi. Aujourd’hui, 6 mois plus tard, j’ai envie de vous en dire plus sur mon mois passé là-bas et mes impressions dans les autres villes du nord du pays.

Agra, ce n’est pas juste la ville du Taj Mahal

Pour la première fois, j’allais à la rencontre de ce rêve – rencontrer le Taj – mais j’allais aussi vivre mon premier voyage en train indien. Je découvrais des scènes de vies choquantes sous mes yeux de petite occidentale: bidonvilles, amas d’ordures, odeurs pestilentielles, et ces indiens, tous débraillés et munis d’une bouteille d’eau, qui faisaient leurs besoins aux abords des voies ferrées, parmi les chiens qui se nourrissaient de cadavres de vaches déchiquetées sur les rails… J’ai eu le souffle coupé. Même les indiens se bouchaient le nez quand l’odeur devenait insoutenable… Imaginez. Comment rester insensible quand on assiste à ces réalités qui constituent le quotidien de ces indiens?! Ça fait réfléchir, croyez-moi! J’en ai entendu parler plusieurs fois mais il faut le voir pour le croire, et surtout, le sentir (ouais, ça chlingue sévère!!!).

Train matinal de Delhi à Agra

Après 3h30 de trajet depuis la gare Hajrat Nizamuddin de Delhi, j’arrive à Agra sur les coups de 10h30. Je tente de trouver un rickshaw qui m’emmènera de l’autre côté de la ville pour 50 roupies… en vain. Je me laisse convaincre par Sameer – qui deviendra mon tuk-tuk driver pendant ma journée en ville – pour 100 roupies/1,35€. Le tarif au comptoir pour les touristes affichait 150 roupies alors je pensais m’en être plutôt bien sortie. Peu importe, il faisait une chaleur à crever et j’avais envie de laisser place au plaisir de la découverte plutôt que de m’attarder sur quelques roupies.

Je déguste un délicieux repas en terminant par mon chai habituel puis direction le Taj Mahal. Je ne voulais pas faire la « vraie » visite du Taj mais le découvrir depuis l’autre côté de la rivière Yamuna. Bon, c’est sûr, ce n’était pas le moment de la journée ni l’endroit le mettant à son avantage mais au moins, pas de tricherie et je n’essayerai pas de vous en mettre plein les yeux avec une photo qui ressemblera aux milliers d’autres que vous trouverez facilement dans les images de notre ami Gégé ou sur les milliers d’autres blogs voyage! 😉

Ceci dit, ce point de vue était quand même intéressant et il n’y avait personne (contrairement au Taj noir de monde) en dehors d’une famille indienne intriguée par ma présence dans ce coin et Raul (à prononcer « raoul »), un petit indien qui a voulu prendre la pause avec moi… Y’a mieux comme décor pour une des 7 merveilles du monde hein? Ouais bah au moins, je n’essaye pas de vous vendre du rêve!

Le Taj Mahal vu de l'extérieur

Je poursuis mes découvertes de la ville en me rendant au Fort Rouge (entrée à 300rp/4€). J’ai adoré cet endroit! J’y passerai 2 bonnes heures à errer dans ses murailles.

Ensuite, petit tour dans la campagne environnante. Les villageois étendent leurs vêtements sur le sol afin qu’ils sèchent au soleil. Ici, pas d’étendoir, pas de fer à repasser et pas de sèche-linge non plus (pas besoin remarquez!). Un véritable tapis de couleurs aussi éclatantes les unes que les autres. Juste à côté, les excréments de buffles avaient eux aussi leur place au soleil. J’ai appris que ce procédé permet ensuite de les brûler pour avoir du feu à défaut de disposer de gaz. Z’en ont dans la cervelle ces z’indiens!

A gauche, le linge coloré qui sèche au soleil. A droite, les crottes de buffles qui sèches au soleil aussi.
A gauche, le linge coloré qui sèche au soleil. A droite, les crottes de buffles qui sèchent au soleil aussi.

Quel régal d’être au cœur de la vie locale, dans cette circulation rythmée par les vaches errantes, les klaxons assourdissants et les trous béants de l’asphalte qu’il faut éviter in extremis. Sameer me propose ensuite d’aller dans une boutique de saris. Je savais qu’il y avait anguille sous roche mais peu importe, j’avais tout mon temps et j’ai pris ça comme un jeu. J’ai craqué pour un sari initialement vendu à 80€. Evidemment, hors de question de payer ce prix là! Après de longues minutes de négociation, j’en tire une offre à 20€. Ça me semblait encore cher pour du tissu qui allait probablement élire domicile dans ma penderie et ne jamais en sortir (mais avant ça, il aurait fallu lui trouver une place dans mon petit sac à dos de 30L)… Et puis je n’étais qu’au début de mon voyage alors avec 20€, je pouvais faire pas mal de choses. Pour ces raisons, j’ai laissé ce joli tissu dans l’étagère de cette jolie boutique. Je me serais au moins entraînée à négocier! 😀

Le Taj est loin d’être à tej

Bouh, je malmène notre si belle langue française!!! C’était trop tentant: Taj, tej, toussa toussa… (« tej » signifiant « jeter » en langage qui n’a pas lieu d’être expliqué et encore moins d’exister).

Je parle bien évidemment du Taj Mahal. Et dire que j’ai toujours rêvé de découvrir ce putain de gros bloc de marbre! Un rêve qui deviendra réalité! Youpi!!!

5h00 – Réveil sans difficulté (je vais voir le Taj bordel! La motivation et la bonne humeur sont bien là!).

5h30 – Je suis seule (pas bien longtemps) dans le hall d’attente pour acheter mon billet.

Comme presque partout en Inde, il y a un côté pour les hommes et un côté pour les femmes.
Comme presque partout en Inde, il y a un côté pour les hommes et un côté pour les femmes.

6h00 – Ouverture des guichets et la salle est pleine à craquer.

Mon ticket en poche contre 750rp/10€ (pas donné mais bon, là, pas moyen de négocier alors le mode pigeon est inévitable), j’entame une marche accélérée de 15 minutes pour rejoindre la porte d’entrée du Taj côté Est. En chemin, je suis dépassée par quelques voiturettes pleines de touristes et je crains de devoir me les coltiner… En arrivant dans la file d’attente, il y a l’équivalent de 2 bus de touristes devant moi dont un paquet de français… Comme très souvent, je reste muette pour ne pas être démasquée et je n’ai pas non plus très envie de faire la causette à 6h du mat’ surtout quand ça parle de politique… Ah ces français!…

Le jour se lève et la queue à l’entrée s’allonge de plus en plus. En entrant, je m’active vers le Taj et me réjouis de constater que les fameux groupes de ristes-tou doivent s’attendre les uns et les autres pour suivre leurs guides qui les feront poiroter à l’entrée les privant de découvrir le Taj encore épargné de milliers de drogués de la photo qui allaient l’envahir peu de temps après.

Ça y est, le voilà, devant moi. Personne pour gâcher cette toile sublime grandeur nature! Une ambiance et une luminosité qui le mettent en valeur tel un diamant dans son écrin de soie. Rien à voir avec la vue de la vieille! Euh de la veille, pardon.

Avant de pénétrer dans ce lieu symbolique, les quelques français qui m’entouraient tentaient de se convaincre que: « ça ne sert à rien de s’attendre à un truc de fou, de toutes façons, on sera déçus parce qu’apparemment il n’est pas aussi impressionnant que ça! ». Je me garderai d’évoquer tous les noms d’oiseaux qui ont traversé mon esprit lorsque j’ai entendu ça et j’ai tout fait pour rester hermétique à ce genre de jugements grotesques. Je t’en foutrais des « apparemment » moi!…

Ma plus belle revanche aura été de retrouver ces mêmes personnes séduites et bouche bée devant le Taj, over-prenant leurs photos et leurs selfies pour dire que « non mais c’est un truc de fou comment c’est trop beau quoi! ». 🙂

Comment du marbre aussi beau et imposant peut-il être façonné de la sorte? C’est pas comme les chocapic où tu fais « Paf! Et ça fait des chocapic! » genre « Paf! Et ça fait un Taj Mahal! »…

Bref, à chacun son avis et il ne s’agit pas ici d’imposer le mien mais j’ai vraiment été séduite par ce monument, point barre. Somptueux ce marbré géant!

Je me suis aussi régalée lorsque les indiens et indiennes sont arrivés dans leurs tenues traditionnelles pour ajouter une note locale et colorée. Du rose, du jaune, du vert, autant de couleurs flamboyantes qui ressortaient avec la blancheur du Taj. Bon, c’était moins cool quand c’est devenu rempli de monde…

Je resterais 2 bonnes heures (ou 3, je ne me souviens plus vraiment mais on s’en cogne) à contempler cette merveille. Pète sa mère ce monument t’as vu?!

En rentrant à l’auberge, je croise un jeune indien qui essaye tant bien que mal de vendre des portes-clés. Il insiste, je refuse, il insiste encore, je refuse encore, il insiste toujours, je refuse toujours, et ce manège durera encore, et encore, et encore…  Enfin, nous marchons main dans la main et discutons. Il me demande si j’ai un copain, je réponds « oui » (oh la mytho!) en lui montrant ma fausse alliance en toc (réflexe devenu habituel et incontournable en Inde)… Je lui demande s’il a une copine et il me répond: « non, je n’ai que 17 ans. Ici, en Inde, ce n’est pas avant 24 ans. »

Sur le chemin du retour

Notez que j’ai souvent eu des versions différentes sur l’âge légal pour être en couple en Inde mais a priori, il faut attendre une vingtaine d’années. Nous avons discuté un peu puis nos chemins se sont séparés. Pas réussi à choper son 06… Oh ça va j’déconne!

Le train du bonheur

Il est temps de voir un peu comment je peux rejoindre Delhi. N’ayant pas pris de billet à l’avance, je ne sais pas trop quoi choisir entre le bus ou le train. Plouf plouf ce-se-ra-toi-que-je-choi-si-rai-1-2-3! Je décide finalement de me rendre à la gare et d’aviser sur place. « Namaste, Delhi? » (alors oui, sachez que ça ne sert strictement à rien de faire des phrases en Inde! Faut aller à l’essentiel! Oubliez le « Would you be so kind to bla bla bla », droit au but je vous dis!) « No problem, ninety rupees madam! » (90rp/1,20€).

Le fameux ticket à 90rp...
Le fameux ticket à 90rp…

Pas de doute, je m’attends à voyager dans une cage à poule à un tel prix. Du coup, j’essaye de me préparer psychologiquement… (Raté!)

Je croise 2 voyageuses indiennes qui, par chance (et comme bien souvent en Inde, il faut le dire) parlent anglais. Je leur demande le quai et la classe de mon billet. Elles ont le même train mais quelques classes au-dessus de la mienne et ne savent pas non plus quel est le quai correspondant.

Finalement, un homme nous indique la bonne plateforme. Une fois que le train entre en gare, les filles m’indiquent le wagon où je dois me rendre, je les remercie avec un grand sourire et elles me répondent « Oh, ne nous remercie pas, nous ne sommes pas responsables de ce qui pourrait t’arriver! ». Euuuuuuh… Ouais, ça m’a jeté un gros froid je dois l’avouer… Bordel mais où est-ce que je vais atterrir??? Pour la suite, je vous invite à lire mon expérience via ma page Facebook. 🙂

Je terminerais sur une remarque de Sameer, mon camarade et pilote de tuk-tuk: « Dieu nous a fait avec tout en double: deux yeux, deux narines, deux lèvres, deux oreilles, deux mains, etc. Pourtant, il a séparé le cerveau du cœur alors qu’ils fonctionnent ensemble. Le cerveau peut se tromper mais le cœur, jamais. il faut suivre et faire confiance à son cœur. » Dans ce train, j’ai suivi et fait confiance à mon cœur.

6 commentaires

  1. Toujours content de te lire
    Et ceci d’autant plus que tu te mets au titre agracatabrantesquement humoristique.
    Gros bisou
    À très bientôt
    Fifi

  2. Ah le fameux Taj!

    C’est vrai qu’il est magnifique 😉 Etant membre de l’ambassade quand j’y suis allé, j’ai rien payé du tout 😀 Mais bon franchement pour ce que c’est, 10€ c’est de toute façon pas cher!

    J’aime bien l’histoire de ce monument aussi, le roi qui tue la femme du contremaitre pour qu’il ressente la douleur que lui ressent (même si j’en convient, c’est PAS BIEN). Le résultat n’est que grandiose, il faut l’avoir vu au moins une fois dans sa vie.

    Et pour ton voyage en train, j’ai lu la suite sur facebook, effectivement les trains en Inde peuvent être une horreur et sont aussi très dangereux. Lors d’un de mes nombreux déplacements en train là bas, j’ai appris sur un long trajet (24h un truc du style), des européens avaient été empoisonnés pour leur voler leur bagage. C’est régulier en Inde. Donc à tout ceux qui lisent ton blog : ne JAMAIS accepter de l’eau ou de la nourriture, un bonbon, ou quoi que ce soit dans les trains en Inde, et faites attention à l’accessibilité de vos bouteilles d’eau, c’est réguler que des touristes se fassent empoisonner pour leur voler leur fric.

    En tout cas, vraiment, respect pour ton courage de voyager dans la classe indienne ;D Même si c’était pas vraiment voulu, respect, je ne l’aurais pas fait.Et pourtant j’en ai fait des voyages en train là-bas;o)

    A toute, Mme Puffin de http://www.islande-zou.fr

    • Ah oui, tu as absolument raison, il ne faut jamais accepter à boire ni à manger dans les trains en Inde! D’ailleurs, sur le trajet pour aller à Varanasi, j’ai dû signer un papier sur lequel il y avait plusieurs règles à lire et à respecter pour ne pas se mettre en danger à bord du train et c’était bien précisé qu’il y avait des risques d’empoisonnement et de vol… Merci beaucoup pour ce rappel!!! 🙂
      Oui au départ je voulais vraiment me tirer mais finalement, je ne regrette pas d’être restée!
      A bientôt et merci Mme Puffin! 🙂

  3. Ah, bah c’est une bonne chose s’il y avait des consignes à signer avant d’embarquer.

    Ça fait peur quand même, moi c’était des hollondais d’une vinghtaine d’année :/ Les indiens n’ont pas du tout le même respect pour la vie que nous.

    Je me rappelle d’un mouvement de foule une fois, 2000 morts.. J’en parle avec des indiens, ils ne sont pas choqués ni rien. Et puis, au fur et à mesure, tu comprends mieux : « tu sais on est 1,2 milliards et on est déjà bien trop, alors 2000 de moins, on s’en fou.. » Dans un sens ça peut se comprendre, dans l’autre c’est super choquant aussi.

    Tu l’as ressenti aussi le choc des civilisations? 😀

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