Le village Newar de Bandipur

Suite de l’article A Pokhara, l’Annapurna tu découvriras.

Après 2h de trajet de Pokhara à Dumre puis 30 min de Dumre à Bandipur (avec une bonne heure d’attente entre-temps, dans un bus en piteux état et sous une chaleur étouffante), je pose mon backpack dans la Family Guesthouse, à l’entrée du village. Pour 500 roupies soit environ 4,38€ la nuit, j’ai ma grande chambre individuelle avec douche (eau chaude) et toilettes turques sur le palier sans oublier l’accès au rooftop avec une vue splendide sur l’Annapurna et le village de Bandipur.

Bandipur, mon havre de paix népalais

Les coupures de courant sont fréquentes dans ce village Newar et ce n’est pas aussi organisé qu’à Pokhara mais il faut juste garder sa frontale avec soi. 😉

Ici, c’est entièrement piéton alors autant vous dire que c’est un régal de s’y promener. En arrivant, je me suis tout de suite sentie bien. Peut-être parce que j’ai toujours vécu et grandi à la campagne alors c’est un cadre qui me correspond et m’enchante.

Ma cantine est le Old House Café et Ravi est mon serveur chouchou avec lequel je prends le temps de papoter à chaque venue. Tous les jours, je suis reçue avec un sourire à tomber par terre! Les plats cuisinés sont faits de produits frais et avec amour. C’est simple, chaque fois que je commande quelque chose, le cuisto s’approvisionne juste en face. C’est d’ailleurs ici que j’ai dégusté le meilleur thali népalais pour seulement 200 roupies.

Le délicieux thali dont je parle! :-)
Le délicieux thali dont je parle! 🙂

Mon premier réveil à Bandipur se fait à 5h30 et ce sera toujours comme ça, avec le chant du coq. Le temps est dégagé alors je m’installe sur la terrasse pour profiter du panorama grandiose sur l’Annapurna. Ce n’est pas aussi près qu’à Pokhara mais la vue est ENFIN bien dégagée! Wallaye c’est trop beau!

Panorama sur l'Annapurna

J’observe les villageois se mettre en action pour leurs tâches quotidiennes: nettoyer leurs maisons, se laver, s’occuper de leurs animaux et plantations…

Buddha, le propriétaire de la Family Guest House où je séjourne, se joint à moi un petit moment. Il me présente les différents sommets Himalayens en face de nous, les différentes écoles du village, les temples, les points de vues pour les lever et coucher de soleil. Puis nous discutons de nos familles respectives. Buddha est professeur de maths pour deux classes (petite et moyenne sections) mais en ce moment, les enfants sont en vacances pendant une semaine. Il est marié et a deux filles de 11 et 7 ans qui sont actuellement à Pokhara et reviennent toutes les trois le lendemain.

Sans rien dire, Buddha s’éclipse et revient quelques minutes après avec deux tasses de thé (sans lui avoir demandé quoi que ce soit). Quelle gentille attention! Je suis pourtant une cliente de passage mais il me fait tout de suite sentir que je suis ici comme à la maison. Un vrai plaisir. Nous buvons notre thé ensemble tout en profitant de cette vue splendide qui retient mon regard comme sous l’effet d’un aimant. C’est dans ce genre de moment que je me sens bien, en toute simplicité.

Bandipur à l'aube

Sur les coups de 7h, je vais prendre mon petit déjeuner à l’Old House Café (car Buddha n’en fait pas). Après un réveil si agréable, je poursuis dans la bonne humeur avec l’accueil de mon adorable Ravi et de son joli sourire (oui, je craque pour lui haha!).

Le bonheur, tout simplement

Une heure plus tard, je vais me promener dans la montagne. J’emprunte un sentier qui traverse une partie du village et m’arrête sous un arbre magnifique, bien au-dessus des nuages, pour écrire mon journal avec, toujours, une vue incroyable sur l’Annapurna dont je ne me lasse pas. En contre-bas, c’est la vallée. Je distingue les cultures en terrasses sur les flancs de montagnes verdoyantes, la route principale qui mène à Pokhara d’un côté et à Katmandou de l’autre. A cet instant précis, je savoure ma solitude au milieu de tant d’éléments simples et naturels qui suffisent à mon bien-être. J’ai conscience que c’est un privilège d’être là et j’en profite.

L’air est pur, les pluies de la veille ont laissé le sol humide accentuant le parfum de la terre et de la végétation environnante. En chemin, j’ai croisé deux ou trois panneaux indiquant la Siddha Cave (pas encore entièrement explorée, c’est la seconde grotte la plus grande d’Asie) mais j’avoue ne pas être friande des grottes alors je remets la visite à plus tard. Un « plus tard » qui, dans ma tête, signifie en réalité « jamais »…

Je m’arrête pour boire un coup à l’Adventure Camp. C’est désert. Seuls les népalais s’occupant du lieu sont présents. En arrivant sur place, je découvre une plantation de marijuana. Le propriétaire des lieux vient m’accueillir et me demande si j’en consomme. « Non, pas du tout, mais c’est une jolie plante! » 🙂 Pourtant, un petit joinito dans un tel cadre m’aurait bien fait plaisir mais bon, je ne voulais pas risquer de me mettre dans une situation embarrassante en étant toute seule en montagne… Et puis, pour l’anecdote, mon livre du moment est Flash, de Charles Duchaussois, et je n’ai pas envie de terminer comme lui… Pour la seconde anecdote, c’est le premier livre que je termine entièrement depuis des années… Pour la troisième anecdote, je me suis retrouvée à boire un truc à base de menthe fraîche (délicieux) en « jouant » de la guitare avec un jeune népalais qui me tenait compagnie (oui je mets des guillemets car je ne joue pas vraiment, j’apprends… Encore…).

Le soir, je vais de nouveau dîner à ma cantine. J’en profite pour observer ce qui se passe autour. Les enfants jouent dehors en plein milieu de la rue (piétonne je le rappelle). Certains se partagent une trottinette pour 5, d’autres jouent au badminton, certains jouent au cricket. Tout ça m’a rappelé mon enfance à la campagne quand je jouais comme ça dans la rue.

Des rencontres et expériences incroyables

En me baladant, je me suis assise sous un arbre pour profiter du paysage et de la sublime nature environnante. Une petite fille de 2 ou 3 ans s’est approchée de moi. Elle a vu mon cahier de dessin et a voulu utiliser mes crayons de couleurs. Je l’ai laissée faire. Elle m’a écrit l’alphabet et les chiffres de 1 à 10 sans faute! J’étais épatée. Je lui ai écrit mon prénom qu’elle s’est amusée à recopier puis elle m’a offert une fleur, puis deux, puis trois… Ce que j’aime avec les enfants, c’est qu’ils sont innocents et n’hésitent pas à m’approcher qu’importe la barrière de la langue, la différence d’âge, le décalage de culture… En tant qu’adultes, bien que nous ne vivions pas dans le monde des bisounours, c’est bon d’apprendre des enfants pour ensuite, nous aussi, aborder des inconnus sans s’imaginer le pire… Quand je me retrouve en territoire inconnu, je ne m’imagine pas de scénario catastrophe, au contraire, je débarque avec aucune connaissance, des yeux curieux et un désir de découverte au plus haut.

Alors que je continue ma promenade en montagne, je croise des écoliers dans leur uniforme blanc et gris. Je décide de les suivre et arrive dans une école. Première découverte d’une école népalaise. En attendant l’arrivée des professeurs, je jette un oeil discret aux salles de classes. J’y rencontre Krishna et Dipak, un couple népalais qui a créé cette école. Plus de détails dans cet article: Mohoriya Bandipur Believers English School.

Quelques jours plus tard, Dipak me propose d’aller à la Siddha Cave. Je ne suis pas particulièrement emballée mais j’accepte car toute seule, je n’y serais pas allée. C’est parti pour deux heures de marche en montagne. Le trajet est assez sportif avec 1/3 du chemin montant et les 2/3 restants descendant. Le parcours est fait de terre, feuilles mortes, marches irrégulières… Mais c’est tellement agréable d’être ici et ça sent tellement bon dans la forêt! Un régal qu’importe les litres de sueur versés!

En chemin, allez savoir pourquoi, je demande à Dipak s’il y a des tremblements de terre au Népal. D’une voix sereine et confiante, il m’affirme que ce n’est pas arrivé depuis des années et que je ne risque rien. Je me contente de cette réponse sans cogiter plus que ça.

Une fois devant la grotte, je ne suis pas très rassurée. Malgré les lampes torches, c’est quand même impressionnant d’être dans le noir total et de ne pas savoir ce qu’on va trouver là-dedans… Au début, ça va à peu près mais ça glisse alors il faut bien s’accrocher aux cordes à disposition quand il faut grimper un peu. Au bout d’un moment, on arrive sur un trou ENORME et dans le noir le plus total. Là, je ne souhaite pas continuer la visite et préfère rebrousser chemin. Comme je le disais, les grottes ne sont pas mes terrains de jeu préférés et m’impressionnent voire m’effrayent.

On continue donc notre marche en montagne pour redescendre vers Dumre. Pause déjeuner et retour à Bandipur. Je suis épuisée mais j’ai adoré!

De retour à ma guest house, le temps se couvre. Sambu et Sisri, les filles de Buddha sont seules alors je m’improvise babysitter. J’aide Sambu à retirer le linge étendu sur le rooftop puis elle et sa petite soeur se mettent à ma porte de chambre. Je devine leur curiosité et les invite à entrer. La grande a repéré mon ordi alors je la laisse l’utiliser. Je lui montre la position de la France par rapport au Népal et elle s’amuse à chercher d’autres pays. C’est amusant! Ensuite, atelier cocottes en papier (j’avoue que c’est mon jeu favori quand je rencontre des enfants 🙂 ). Les filles étaient ravies et se sont prêtées au jeu bien plus que je ne l’aurais imaginé!

Quand Buddha et sa femme sont rentrés, j’en ai profité pour sortir et passer à ma cantine. 🙂

Les premières secousses

Le soir du 21 avril 2015, alors que je suis tranquillement installée sur mon lit, la terre se met à trembler. Je sens les secousses très nettement et suis persuadée que c’est un tremblement de terre. Je me rappelle alors ma première expérience aux Philippines, bien moins intense mais qui m’avait quand même marquée.

Sur le coup, je suis surprise, évidemment, mais aussi un peu en stress. Je regarde immédiatement sur internet pour avoir confirmation mais rien n’apparaît. Je demande à Buddha et sa femme s’ils ont ressenti quelque chose mais ils étaient occupés et n’ont rien remarqué. Je commence à douter mais je suis quand même sure d’avoir senti les tremblements…

Environ une heure plus tard, j’obtiens confirmation du tremblement de terre… Je repense aussitôt à ma question à Dipak au sujet des séismes au Népal et je me dis que c’est complètement dingue que le soir même il s’en produise un…

Je parviens finalement à me coucher n’ayant aucune idée de ce qui allait suivre

tremblement de terre du 21 avril à Bandipur

Le lendemain, 22 avril, je boucle mon backpack pour rejoindre Katmandou et me préparer pour un trek dans les environs de l’Everest.

Sambu et Sisri me courent dans les bras pour me faire un gros câlin et me dire que je vais leur manquer. Trop adorables, je me retiens de verser une larme (vous avez dit émotive?… Hum).

A suivre…

2 commentaires

  1. Excellente série d’articles, le voyage avec un point de vue différent, personnel. Avant l’orage donc ici, merci pour les visuels aussi.

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